Qui a volé la tête de Lénine ?
L’histoire d’un pickpocket qui, visitant le tombeau de Lénine, va voler la tête de Lénine : c’est l’histoire absurde, loufoque, engagée de La tête de Lénine. Une histoire écrite en 1982, qui fut un livre clandestin dans le pays d’origine de l’auteur Nicolas Bokov, et pour cause : la Russie.
Ce livre vient d’être réédité il y a quelques mois par les éditions Noir sur Blanc, et Nicolas Bokov, qui était sur le salon Etonnants Voyageurs ce week-end a pu y adjoindre une préface.
« Pourquoi êtes-vous censuré ? Les raisons sont souvent différentes selon les pays… Lorsque j’étais étudiant, j’étais censuré parce que, soidisant, je ne citais pas assez le nom de Lénine et celui de Marx dans mes textes ! Peutêtre qu’en France, la censure porte un pseudonyme : politiquement correct ? » , interroge celui qui, résistant à l’ordre stalinien par la force et par la plume, a pas hésité à en découdre avec le régime en place. Notamment en mettant en circulation un certain nombre d’oeuvres écrites dans un style polémique et grinçant. Certains de ses ouvrages sont traduits simultanément ou plus tard de façon anonyme en Occident ; dénoncé, il a quitté l’URSS en 1975 pour Paris, préférant l’exil à la prison. « Maintenant il est possible de partir ; à l’époque, le pays était entouré de frontières infranchissables doublées d’une zone de sécurité de 40 ou 50 km : aujourd’hui, on peut partir » , raconte l’auteur, nous livrant un peu du quotidien d’un pays où là encore, la liberté est un bien rare.
Nicolas Bokov, éd. Noir sur Blanc, 2017