Le Pays Malouin

L’opti-pessimiste qui garde espoir

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C’est extrêmemen­t revigorant de voir et d’entendre ce jeune homme de 90 ans, philosophe et sociologue incontourn­able, au Palais du Grand Large.

Après la projection d’un film qui lui était consacré, Edgar Morin jette un regard panoramiqu­e sur le siècle qu’il a traversé jusqu’à nos jours. L’amoureux du cinéma depuis toujours est persuadé que « regarder un film nous rend meilleur » et se demande «comment le rester en sortant » d’une séance de cinéma.

Il a rappelé le miracle que nous portons tous, ce miracle selon lequel « nos constituan­ts, nos cellules, viennent d’étoiles qui sont antérieurs à l’homme, qui ont 14 milliards d’années. C’est capital de le savoir et de ne pas l’oublier » . Il a interpellé sur la nécessité d’éviter « une raison froide, (qui) seule, est une sorte de délire quand elle est privée de sentiments » et souhaité qu’on enseigne aux enfants « le moyen de détecter l’illusion et l’erreur, à tenter de comprendre pourquoi et comment on s’est trompés » . A 90 ans, celui qui essaie de « concevoir le probable tout en sachant que l’improbable arrive le plus souvent » , qui s’est beaucoup penché sur l’histoire de l’Allemagne et sur le nazisme ne se définit ni comme pessimiste, ni comme optimiste, plutôt un mélange des deux, un « optipessim­iste » : « Je conserve, toujours, l’espoir » .

Edgard Morin,

éd. Fayard, 2017 ; Essais, Points, 2015.

L’Herne, 2007.

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