Les souffrances d’une préparatrice en pharmacie
« Intrusion dans la vie privée, discrimination, intimidations, vexations, moqueries devant d’autres salariés, reproches, comportement agressif… » Me Verdier, l’avocate de la victime, égrène chacune des raisons pour lesquelles, le prévenu, aujourd’hui absent à la barre, doit, selon elle, être condamné pour harcèlement.
Ce pharmacien d’une cinquantaine d’années a racheté une officine dans la baie, en octobre 2015. Au bout de quelques jours, l’une de ses employées, préparatrice en pharmacie, est arrêtée à la demande de son médecin. Elle a déjà vécu la douleur d’une grossesse extra-utérine. Et doit maintenant suivre un protocole de fécondation in-vitro. Ce qui va l’obliger à devoir être à nouveau arrêtée.
« Poussière sous le tapis »
Une situation qui semble être à l’origine de la rancoeur que nourrira le pharmacien pour sa salariée. À celui qui lui a vendu cette pharmacie, il dit, par SMS qu’il a acheté « une voiture avec un pneu crevé » . Il parle encore de sa préparatrice comme « d’une vérole » , « d’une poussière sous le tapis » ou « d’une épine calcanéenne » .
Avec lui, la jeune femme qui « travaille tous les samedis » doit désormais assurer en plus « toutes les fermetures le midi et le soir » .
Des clients, entendus par les gendarmes, disent qu’il parle à ses employées « comme à des chiens » . L’une, victime d’un burn-out, a depuis quitté l’officine.
« Il a été jusqu’à contacter son médecin pour tenter d’en savoir plus sur son état de santé. Bien entendu, celui-ci lui a rétorqué le secret médical » , dénonce Me Verdier qui rappelle encore qu’il est arrivé au prévenu de faire le pied de grue devant la pharmacie où travaille désormais son ancienne employée.
4 mois de prison avec sursis
« Cette entreprise de dénigrement a altéré l’état de santé de la victime. Sa détresse psychologique est liée au contexte professionnel » , estime également le procureur Gwénaël Gargam.
Me Tellier, l’avocat du pharmacien, aura beau tenter de démontrer que la correspondance « privée » de son client avec l’ancien pharmacien « ne constitue pas une preuve de harcèlement » à l’égard de la jeune femme. En vain. Le pharmacien a été condamné à 4 mois de prison avec sursis et à verser 2 000 euros de dommages et intérêts à son ancienne employée.