Le Pays Malouin

La résidence séniors vire au fiasco

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Ambiance délétère, fin du club house, suppressio­n du poste de régisseur : le concept Patios d’Or, la résidence pour séniors située à la gare à SaintMalo a du plomb dans l’aile en terre malouine.

Rien ne va plus aux Patios d’Or. La résidence séniors avait été inaugurée en grande pompe en 2013, et en porte encore la trace, via une plaque commémorat­ive avec le nom du maire de l’époque, René Couanau. Le concept était nouveau dans le paysage : située à la gare, rue Nicolas Bouvier, la résidence ciblait en priorité les séniors, avec un régisseur sur place, et un club house, proposant des animations.

La résidence fonctionne sur le principe de la copropriét­é, avec un initiateur de concept également copropriét­aire (Villages d’Or), et sous la houlette d’un syndic.

La fermeture du club house votée en AG

Coup de théâtre le 19 mai. Au cours de la dernière assemblée générale, le conseil syndical et les propriétai­res votent la fermeture définitive du club house. Suscitant la colère d’un certain nombre de résidents. « Je trouve ça inadmissib­le ! Nous sommes venus ici pour ces avantages, et ils disparaiss­ent ! Nous payons, selon la surface de notre logement, entre 40 et 60 euros par mois pour ces ’plus’» , déplore Gwendoline, une des résidentes, septuagéna­ire, arrivée il y a quelques mois.

« J’arrivais de Brest. J’ai été séduite par le concept, et mon fils très rassuré : la résidence était sécurisée avec un système de protection pour l’entrée, il y avait la présence d’un régisseur en journée et jusque 19h30 et qui ouvrait également le club house, sachant que le régisseur avait reçu une formation spécifique… Bref : je vis là, et j’ai décidé d’y finir ma vie » , confie-t-elle. Mais pour elle, les raisons pour lesquelles elle est venue ici ont disparu.

Elle n’ajoutera pas un 21è déménageme­nt à la longue liste de déménageme­nts de sa vie, mais elle regrette que ce qu’elle avait choisi pour sa dernière demeure change de visage en cours de route. Elle n’ose d’ailleurs pas parler à visage découvert : elle raconte qu’on l’a poussée, à la sortie de l’ascenseur, et que ça n’avait rien de gratuit. « Et à mon âge, je ne peux pas me permettre de tomber » , raconte t-elle. Ambiance, ambiance… Avec d’un côté ceux qui veulent à tout prix la disparitio­n du club house, et ceux qui militent pour son retour…

Nous avons interrogé les Villages d’Or, à l’origine du concept, sur la situation malouine.

« Pourquoi ont-ils acheté là ? »

L’actuelle présidente est la fille de l’homme qui a déposé le concept national, Jean-Luc Estournet. Elle affirme regretter tout autant que les résidents malouins la tournure des événements et ne mâche pas ses mots : « Nous sommes copropriét­aires, nous aussi. Le local du club house nous appartient. Qu’allons- nous en faire ? Il était destiné à proposer des activités aux résidents. Ce que je ne comprends pas, c’est pourquoi les propriétai­res qui ont acquis ces biens immobilile­rs au sein de cette résidence sénior, n’ont pas acheté ailleurs : ils connaissai­ent le projet, alors pourquoi voter pour son démantèlem­ent aujourd’hui ? » , expose Marie Estournet. Sur les 64 appartemen­ts allant du studio au T3, seuls 4 propriétai­res seulement habitent sur place. Peut-être pas suffisamme­nt pour se sentir concernés par un Club house ?

La marque devrait être enlevée

33 résidences de ce type existent ailleurs en France. Pour Marie Estournet, c’est un cuisant échec à Saint-Malo. « C’est la première fois que ça se passe aussi mal » . Les services qui ont fait le succès du lieu n’existent plus, et ne permettent plus d’attirer les séniors, comme le veut le concept. « On prête la marque pour cette résidence, marque déposée par mon père. On va l’enlever, et cela ne nous amuse pas » , confie Marie Estournet.

V.D.

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