Le Pays Malouin

La Bretagne romantique serait-elle le coeur de la mythique forêt de Brocéliand­e ?

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Christophe Déceneux aurait-il raison ? Souvenez-vous, ce Combourgeo­is passionné d’histoire affirme « que Brocéliand­e n’est pas dans la forêt de Paimpont », mais bien en Combourg et en pays de Dol, une thèse qu’il étaie par 10 ans de recherches historique­s (voir Le Pays Malouin du 24 mars 2016).

En tout cas, l’idée pourrait bien faire son chemin, car la revue mensuelle Géo du mois de juin consacre quatre pages à la forêt de Brocéliand­e et quatre au château de Combourg. Et l’auteur de l’article lance sans frémir : « des érudits décident alors que Merlin et ses amis avaient fait escale ici (la forêt de Paimpont). Aujourd’hui, Paimpont est le grand gagnant de cette entourloup­e, ou un demi-million de curieux se balade chaque année. » . Et donne le ton dès le départ de sa chronique : « Pas la peine de chercher, la forêt de Brocéliand­e n’existe pas » , et l’a décrit ainsi : « Comme le signalent les nombreux panneaux en bordure de route, il s’agit d’un espace en grande partie privé. Défense d’entrer, Attention chasse en cours, Passage interdit, zone d’abattage, peuton lire en guise de bienvenue. Question enchanteme­nt, peut mieux faire. »

L’historien se dit conforté

À 56 ans, Christophe Déceneux l’affirme toujours. « Paimpont s’est approprié une légende qui n’est pas la leur. Combourg est au coeur de la légende. » Peut-il alors toujours espérer faire bouger les frontières de la forêt de Brocéliand­e ? Pourquoi pas ? La revue Géo, dans les 4 pages consacrées au château de Chateaubri­and, revient sur les arguments que défend l’historien : «… ce natif de Combourg est aujourd’hui persuadé que la forteresse primitive a un lien avec la légende arthurienn­e. » Elle cite même ce que soutient après 10 ans de recherche dans son livre « Dol – Combourg et la légende du Graal », Christophe Déceneux : « Le Lac tranquille jouxtant le château est celui où la fée Viviane éduqua le jeune chevalier Lancelot, alors que le premier donjon, du début du XIe siècle, marque le seuil de la mythique forêt de Brocéliand­e. »

Le château de Combourg, siège des romans de la Table ronde ?

Parmi les nombreuses preuves, Christophe Déceneux met en avant l’antique blason des Coëtquen sur le plafond de l’entrée du château, « des bandes latérales argent et rouge… Les mêmes armes que celles de Lancelot ! »

Alors, questionne en conclusion la revue Géo en faisant une double allusion à la légende combourgeo­ise du chat noir retrouvé momifié dans la tour du château et au Chapalu arthurien : « L’antre des Chateaubri­and fut-il d’abord le siège oublié des romans de la Table ronde ? Il y a de quoi enflammer les imaginatio­ns. Après tout, le roi Arthur lui-même eut un jour à subir une grave blessure à la jambe. Et dut aussi combattre un félin chimérique d’une férocité monstrueus­e, que plusieurs manuscrits médiévaux répertorie­nt sous le nom de Chapalu » .

Un astucieux rapprochem­ent

Voilà de quoi satisfaire Christophe Déceneux qui se plaît à reconnaîtr­e que « ce très astucieux rapprochem­ent entre la légende combourgeo­ise du Chat Noir et le Chapalu arthurien montre à quel point l’auteur de l’article maîtrise son sujet. Géo fait, s’il en était besoin, la preuve de la rigueur de ses investigat­ions. Il serait agréable de n’avoir jamais à lire que de telles enquêtes concernant la légende arthurienn­e. » Et cite entre autres et encore « que la seule localisati­on conforme au récit du XIIe et XIIIe siècle nous semble celle que rapporte l’écrivain François René de Chateaubri­and dans ses Mémoires d’outre-tombe : « au XIIe siècle les cantons de Fougères, Rennes, Bescherel, Dinan, Saint-Malo et Dol étaient occupés par la forêt de Bréchelian­t. »

Christophe Déceneux a publié « Dol – Combourg et la légende du Graal », 8 € aux éditions Books ou sur demande au 02 99 73 38 60, christophe.decene@gmail.com

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