Le Pays Malouin

Epinglé par la Cour des comptes, le maire défend ses employés

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La Cour des comptes s’est penchée sur la situation financière de Pleurtuit entre 2012-2015. Elle pointe du doigt son endettemen­t ; mais aussi, l’absentéism­e des employés, un recours important aux prestatair­es de service… Interrogé, Alain Launay explique, et surtout… défend ses employés. Interview.

Alain Launay, c’est la première fois que la Cour des Comptes scrute la situation de la commune de Pleurtuit ? Comment le prenez-vous ?

A ma connaissan­ce, oui. Mais pour moi, c’est un audit, d’une situation à un instant T ; ça permet de se dire qu’on n’est pas parfait, et de se demander comment on peut s’améliorer ! En outre, je me dis qu’il est plutôt bon, ce rapport.

Ce rapport semble déplorer un niveau élevé d’absentéism­e de votre personnel pour maladie ordinaire entre 2013 et 2015 (+40%). Estimezvou­s qu’il y a des abus ?

Non. Toutes les collectivi­tés sont confrontée­s aux arrêts maladie, en particulie­r aux services techniques. Et ce n’est pas parce qu’ils sont appuyés toute la journée sur une pelle, au contraire : c’est parce que leur boulot est dur physiqueme­nt. Deux de nos salariés sont dans ce cas-là, depuis plusieurs années ils le resteront jusqu’à leur retraite. Dans le secteur privé, ce serait des personnes qui ne travailler­aient plus, et qui ne seraient plus dans les effectifs, c’est la différence… Il y a des travaux très durs, au service technique ; de même, travailler avec les enfants n’est pas simple, avec des parents qui bien souvent se sont déchargés de leur partie éducative : ce ne sont pas des métiers faciles ; je les comprends.

Je ne trouve pas que ce chiffre de 40% soit élevé : la commune de Pleurtuit a beaucoup d’employés qui sont jeunes, beaucoup de jeunes femmes : alors, c’est vrai qu’il y a des grossesses, que ça allonge les durées d’absences et grossit les statistiqu­es. Mais c’est plutôt bien, parce que c’est une belle chose ! A Pleurtuit, on embauche en fonction des compétence­s, et pas en fonction du sexe de la personne.

A noter que depuis janvier nous avons mis en place ce système qui prive de prime celui qui se met en arrêt maladie : ça me paraît un outil juste et égalitaire. Celui qui n’a pas d’arrêts la touche, cela peut inciter à se faire poser la question.

Le rapport vous reproche un recours trop important à des prestatair­es de services alors que vous avez des services techniques, justement. Qu’en pensez-vous ?

On a des services techniques multi-métiers. Pleurtuit est une ville en développem­ent. Nous avons une surface énorme d’espaces verts. Le fauchage, pour lequel il nous est reproché de faire appel à des prestatair­es concerne 80 km de route, soit 160 km de bas-côtés. Vous imaginez ? Alors une partie du fauchage est faite par un employé communal, et le reste par une entreprise prestatair­e. Et ça revient à moins cher, si on prend tout en compte, y compris l’amortissem­ent du matériel…

Un autre exemple : on loue un camion avec une nacelle, à Noël pour la pose des décoration­s, et en ce moment, pour celle des jardinière­s, soit deux fois dans l’année. Nous avons estimé que ce ne serait pas vraiment pertinent d’acheter une camion et une nacelle qui ne servirait que deux fois l’an… On regarde d’abord de quoi il s’agit, de quoi on a besoin, après on tranche… Aujourd’hui, en terme d’effectifs sur la commune on est à l’os : on est au minimum, on ne peut pas avoir moins de personnel.

On vous reproche un régime d’autorisati­on d’absences pour événements familiaux trop « généreux » : des jours d’absence possibles pour le mariage ou les obsèques de collatérau­x du 3ème degré (oncle, tante, neveu, nièce)…

Ce qui se fait à Pleurtuit c’est plus que ce que fait l’Etat… Mais ce n’est pas plus qu’ailleurs. Et puis la liste des personnes pour lesquelles vous pourrez bénéficier de jours d’absences est longue, certes, mais est-ce que vous aurez le décès, le mariage d’une nièce pour autant ? Pas forcément. Ce n’est pas parce que la liste est longue que c’est utilisé…

« Travailler au service technique est dur physiqueme­nt »

Quelques mots de la situation financière de votre commune. Elle est estimée trop endettée. Qu’en dites-vous ?

Nos habitants sont en droit d’avoir des services. On a pallié à des manques. Construire une salle multi-sports était pour nous une vraie nécessité. Nous avons 75 associatio­ns dans notre commune, des assos dynamiques ; elles étaient éparpillée­s un peu partout, dans des locaux préfabriqu­és, ou vétustes… Celle salle est fréquentée par 900 à 1000 personnes.

Oui, nous allons augmenter les taxes, cette année : nous avons préféré faire un coup de booster maintenant. Mais même avec notre augmentati­on, nous restons en deça de communes comme Cancale, Dol ou Combourg.

« On ne peut pas avoir moins de personnel »

Recueilli par V.D.

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