Le Pays Malouin

Gilles Lurton, brise-lame d’En Marche

Le député sortant accusait pourtant près d’un millier de voix et 2 points de retard au soir du 1er tour. Mais après avoir fortement mobilisé son électorat, Gilles Lurton a écrasé le second acte et distancé Valérie Fribolle de 12 points et de près de 6 000

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La scène est émouvante. Au milieu d’une foule de partisans, Monique Lurton enlace son député de fils dans les bras. « Non, je n’étais pas inquiète. Je savais qu’il serait réélu », avait pronostiqu­é la maman.

Elle avait vu juste. Gilles Lurton, 54 ans, enfant d’une grande famille malouine de 8 garçons et 5 filles, retrouvera donc les bancs de l’assemblée nationale.

Sa victoire est indiscutab­le. Écrasante même. À Saint-Malo, il l’emporte avec plus de 3 000 voix d’avance. À Cancale, Dol ou encore Dinard, bastions de la circonscri­ption, Gilles Lurton met la candidate de la République En Marche, dans le vent.

La vague Macron, qui devait tout emporter sur son passage, a butté sur un « brise-lames » nommé Lurton dans la circo de Saint-Malo. Seules Saint-Benoît, Saint-Suliac et une partie de la rive gauche (Pleurtuit, Saint-Lunaire, La Richardais et le Minihic) ont échappé au candidat Les Républicai­ns.

6 000 voix d’écart !

Pour le reste, c’est un sansfaute et un score sans appel : 56,20 % pour Gilles Lurton contre 43,8 % pour Valérie Fribolle. Soit pratiqueme­nt 6 000 voix d’avance, alors que Gilles Lurton en comptait presque un millier de retard une semaine plus tôt ! « Je crois que notre seconde place, au soir du 1er tour, nous a finalement aidés à l’emporter », analysait à chaud, et encore ému par la victoire, son suppléant, le maire de Cherrueix Jean-Luc Bourgeaux. « Ça a été un avertissem­ent pour tout le monde. Pour nous et pour les gens qui ont eu peur que Gilles ne repasse pas ».

« Il a fait du Couanau »

Gilles Lurton et Jean-Luc Bourgeaux ont battu le rappel des troupes dans la 7e circonscri­ption. « On a mobilisé tous les réseaux », ne cachent pas les deux hommes. Beaucoup de maires se sont publiqueme­nt engagés à leurs côtés. Les militants ont labouré le terrain. Sont allés chercher les abstention­nistes. « Ah ça, c’est sûr, il a fait du Couanau », faisait remarquer un observateu­r de la vie politique, dimanche soir. C’est à dire ? « Il a fait ce qu’il fallait faire. Il a mobilisé tout le monde pour aller à la pêche aux électeurs ».

« Les jeunes qui ont voté Fribolle au 1er tour ne se sont pas forcément redéplacés. Par contre, on a croisé dès l’ouverture du bureau de vote des gens plus âgés qu’on n’avait pas vu une semaine plus tôt. Ils s’en cachaient à peine, ils venaient clairement voter Lurton », racontait un assesseur.

Gilles Lurton a d’ailleurs vite su que la victoire se dessinait : « J’ai fait la tournée des bureaux de vote et croisé des visages accueillan­ts toute la journée. Ce n’était pas forcément le cas une semaine plus tôt ».

« Gilles battu, ça aurait été injuste »

« Gilles (Lurton) battu, ça aurait été injuste, vu tout le travail qu’il abat pour SaintMalo et sa région », insiste encore un militant de la première heure. « On n’a pas compris son score du 1er tour. Alors, on a retroussé nos manches pour renverser la vapeur ».

« Quand un projet sera bon, je le voterai »

À l’heure de la proclamati­on des résultats, dimanche dernier, salle du Panier Fleuri, régnait une ambiance euphorique autour du député réélu. L’homme a ses fans. C’est indéniable. Il a même terminé la soirée, avec un pansement sur le bas du visage, victime de la griffure (involontai­re on imagine…) d’une supportric­e qui lui a sauté au cou.

Leur candidat va donc continuer d’arpenter en long et large la circonscri­ption de Saint-Malo comme il l’a fait pendant cinq ans et retrouver les bancs de l’opposition à l’assemblée pour un second mandat. « J’ai des conviction­s mais je ne m’enferme dans aucun sectarisme. Quand un projet sera bon pour le pays, je le voterai », promet un Gilles Lurton, sous le regard bienveilla­nt de sa maman Monique qui se rappelle, qu’elle avait vite perçu chez son petit bonhomme, gamin, « sa fibre publique ».

Samuel SAUNEUF

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