Les vétérinaires en première ligne
Les vétérinaires témoignent d’un changement de société, notamment dans le Pays de Dol où, malgré son caractère rural, les animaux de la ferme les occupent maintenant beaucoup moins que les chats et chiens.
« Quand j’ai commencé à travailler à Dol, voici une trentaine d’années, l’essentiel de mon activité consistait à me rendre dans les fermes pour soigner les vaches. Aujourd’hui, ce sont surtout les chats et les chiens qui occupent notre clinique. » C’est le témoignage du docteur Hervé Hiard, membre du personnel de cette clinique construite récemment dans le parc d’activités des Rolandières, où elle remplace l’ancienne du quartier des Beauvais, « devenue trop petite pour permettre de bonnes conditions de travail ». Un problème que le nouvel établissement ne connaît plus. Les visiteurs ont pu s’en rendre compte lors des Portes ouvertes qui, jeudi dernier, avait été organisée ici par son personnel. Soit huit vétérinaires et sept assistantes bien au fait des problèmes de trésorerie que connaissent bon nombre d’exploitations agricoles, y compris dans le Pays de Dol, « au point que certaines renoncent à faire soigner leurs animaux ».
Une situation inquiétante
La situation est grave, notamment en matière de production laitière, et cela au point que des fermes risquent encore de disparaître. En cause : « La concurrence des exploitations agricoles allemandes ou néerlandaises, soumises à des charges moins importantes qu’en France grâce notamment à du personnel à bas coût ». De quoi encourager les importations de lait, notamment en Bretagne où, pourtant, il ne manque pas. « Est-ce normal que les usines de la région transformant le lait en yaourt, beurre ou fromage le fassent venir de l’étranger ? » La réponse est négative pour Hervé Hiard, évoquant aussi, en matière de coût de production, « l’avantage des immenses fermes qui se généralisent dans certains pays européens comme l’Allemagne où elles abritent plusieurs centaines de vaches laitières ». Rien à voir avec la France qui a perpétué un modèle agricole traditionnel, familial, bien plus modeste en taille, plus sympathique aussi, mais apparemment dépassé, à moins qu’il réussisse à s’adapter aux nouvelles normes.
Une autre modèle agricole
Cependant, reste un autre modèle qui fait déjà ses preuves : « Le maintien de petites exploitations pratiquant la vente directe à la ferme ou sur les marchés, gage de valeur ajoutée pour elles et de qualité alimentaire pour les consommateurs ». C’est ainsi que l’on pourrait, à terme, voir fonctionner parallèlement deux modèles agricoles, l’un voué aux circuits courts de commercialisation et l’autre au productivisme dans le cadre d’un marché mondialisé, sachant « qu’il n’y a pas de salut entre ces deux types d’agriculture ».