Le Pays Malouin

« On est contre ce système qui pénalise la maladie »

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Dans notre édition du 1er juin, nous évoquions les changement­s qui vont intervenir pour les agents de la Ville de Saint-Malo. En particulie­r le fait qu’en cas d’arrêt maladie de courte durée, leurs indemnités pourront être suspendues et versées ensuite aux « agents les plus assidus et méritants ». Des représenta­nts des syndicats FO et CGT, qui n’ont pas soutenu ce changement (1), ont tenu à réagir.

Des données à préciser

Pour motiver ces nouvelles règles, la municipali­té avait annoncé le chiffre de 15 000 journées d’absences de courte durée par an. Les représenta­nts de FO et la CGT tiennent à nuancer : « Il faut savoir que dans ces absences sont comprises certaines qui peuvent monter jusqu’à 3 mois. » Ce peut être le cas par exemple de personnes contractan­t des maladies lourdes (cancers etc.).

« Nous avons demandé d’avoir le détail des arrêts maladie ordinaires. C’est-àdire leur nombre de jours et ceux qui ont débouché sur des arrêts longue durée. Nous n’avons jamais rien reçu », soulignent les représenta­nts syndicaux.

Par ailleurs, les syndicalis­tes font remarquer que « 63,65 % des agents ont plus de 45 ans. En 2015, il n’y avait aucun titulaire de moins de 25 ans ». Les deux syndicats font remarquer que les risques de tomber malade sont plus importants pour les personnes plus âgées.

Des contrôles pas utilisés

FO et la CGT estiment que si la mairie a un doute sur la réalité d’un arrêt maladie, il existe déjà des systèmes pour le contrôler. « Dans les textes de loi, l’administra­tion peut faire procéder à tout moment à une contre visite médicale par un médecin agréé. L’agent doit s’y soumettre, sous peine d’interrupti­on du versement de sa rémunérati­on ».

Les syndicats s’interrogen­t : « Pourquoi la municipali­té ne veut pas appliquer ces textes en cas de suspicion ? Oui, c’est compliqué, mais c’est avant tout une volonté municipale, ou non ».

Une méthode qui ne passe pas

Dans le nouvel accord, ce qui ne passe pas pour les deux syndicats, c’est la façon dont la municipali­té veut agir sur l’absentéism­e : « Il nous paraît indécent de prendre l’argent sur le dos de collègues malades, quelque soit la pathologie, pour le reverser à des agents qui n’auront pas été malades, à raison de 40 %. Et pour redistribu­er les 60 % restants aux collègues « méritants ». Ce qui peut induire du favoritism­e et dégrader les rapports au sein d’un service. On est contre ce système qui pénalise la maladie. Donc, nous voulons que ce soit rediscuté ».

Pas si anodin…

Le maire parle d’une mesure « homéopathi­que », car cela ne touche pas le traitement des agents (salaire de base des fonctionna­ires). Les représenta­nts du personnel font remarquer « que pour un agent de catégorie C, ça peut avoir une grande incidence. Nous avons calculé que pour un couple avec deux enfants, dont seul l’un des conjoints travaille, à la Ville donc, une semaine d’absence, c’est l’équivalent d’un caddie de course en moins ».

Pour les agents de catégorie C, cette mesure ne serait donc pas si anodine. « Or, les trois quarts des agents sont dans cette catégorie là ».

Plus de la moitié des titulaires contre ?

Les deux syndicats ont fait circuler une sorte de pétition parmi les agents titulaires. « Plus de la moitié des agents se sont prononcés contre ce système. Beaucoup arrivent à un âge, où l’on peut découvrir des maladies graves. Ils estiment qu’ils n’ont pas à être pénalisés maintenant, alors qu’ils ne se sont jamais portés malades auparavant ».

Plus de prévention

La CGT et FO souhaitera­ient plutôt « une réflexion autour de la prévention ».

Ils se sont rendu compte que les risques psychosoci­aux sont de plus en plus existants dans les collectivi­tés. « Du fait de la baisse des effectifs, avec le non remplaceme­nt de certains départs en retraite ». Cela se traduit selon eux par l’emploi de plus en plus de contractue­ls et d’une charge de travail plus importante dans la majorité des services. « Ce qui peut être une cause de la hausse de l’absentéism­e ». Les burn-out auraient ainsi progressé.

N.E.

(1) L’accord a été rejeté par la CGT et FO s’est abstenu. Rappelons que le Syndicat autonome malouin (SAM), majoritair­e, a lui voté pour.

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