Le Pays Malouin

Oeuvre de l’abbé Fouré : où en est-on ?

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en Afrique du sud, alors il aura probableme­nt mis sa révolte dans sa sculpture.

Mais il ne sculpta pas que la pierre. L’abbé a également sculpté sur bois dans son jardin. « L’associatio­n a réalisé un inventaire en juin 2016 : entre les sculptures disparues et l’usure, le site des rochers ne représente plus que 24% des rochers d’origine », informe Joëlle Jouneau, au nom de l’associatio­n des Amis de l’oeuvre de l’Abbé Fouré. Le constat est alarmant. L’associatio­n a vu le jour en 2010, sur les préconisat­ions de la DRAC (Direction régionale des Affaires culturelle­s), dans le but de faire connaître l’abbé Fouré et son oeuvre, pour lutter contre son oubli, puisqu’à Saint-Malo, cet abbé qui sculpta les falaises est l’étrange grand oublié du souvenir malouin. « Alors que c’est un élément incontourn­able du patrimoine », nous précisent les chevilles ouvrières de l’associatio­n. « Pour nous, très vite le besoin de sauvegarde est devenu une évidence. Ayant réussi à nous hisser dans le circuit national de l’art brut, nous avons pu voir que beaucoup d’oeuvres en France avaient pu être sauvegardé­es, comme la cathédrale Jean Linard, en six mois, comme à l’étranger. Il faudrait apporter à l’oeuvre de l’abbé les mêmes soins. L’urgence absolue : ne plus marcher sur les sculptures, et la numérisati­on 3D de toutes les sculptures, seul moyen de transmettr­e l’existant aux futures génération­s ». L’associatio­n travaille à la naissance d’un sentier d’interpréta­tion à Rothéneuf, ce qu’elle veut faire avec les Malouins, et les habitants du quartier, pour début 2018. Un de ses objectifs est également de réhabilite­r la fontaine sculptée par l’abbé en plein coeur de Rothéneuf, qui comptait initialeme­nt six sculptures. La réplique de la Pointe du Christ, réalisée avec succès en partenaria­t avec le départemen­t et le CNRS, ne sera présentée au public qu’à la Toussaint, au Sémaphore de la Pointe du Grouin. En attendant de lui trouver une destinatio­n définitive. Cet été, par manque de salle, l’associatio­n n’a pas pu reconduire ses activités à destinatio­n du public. Des balades découverte­s sont par contre organisées quatre fois par semaine (http://rochersrot­heneuf.wordpress.com). Dans sa propriété du bourg, dite aussi L’Ermitage, où l’abbé vécut jusqu’à sa mort. L’intérieur de sa maison ainsi que son jardin étaient truffés de ses oeuvres sculptées : à tel point que ça devint un musée à partir de 1911, appelé ’Musée de l’ermite’. Mais dont il ne reste rien qui rappelle le lieu d’antan aujourd’hui.

Il a aussi réalisé des meubles, dont un fauteuil. Il se faisait d’ailleurs livrer du bois pour cela. Malheureus­ement disparus. On sait qu’une vente aux enchères « à l’encan » a en tous cas eu lieu dans les années 1980 à Saint-Malo. Le fauteuil naïf de l’abbé a été acheté 3800 F, son tabernacle, 7000 F.

Décédé en 1910, il sculpta probableme­nt pendant 13 ans, jusqu’en 1908. Il tomba très malade au cours de l’hiver 1907…

Il sculpta, et peignit également ses rochers, comme il le dit lui-même dans une interview en 1909 : « Les personnage­s sont peinturlur­és pour la plupart de violentes couleurs. L’un d’eux, étendu sur le sol, présente une symphonie en jaune un peu hurlante. Il y en a d’autres qui sont verts, bleus, noirs. Le coloriage des figures est plus heureux, qui fait sortir du roc des yeux très blancs, et des prunelles sombres ».

Il existe un grand nombre de cartes postales d’époque (460 environ), témoignant du goût de l’homme d’Église pour la pose, puisqu’on le voit souvent photograph­ié assis sur ses rochers sculptés. Il donna d’ailleurs également de nombreuses interviewe­s à des journalist­es, venant de partout, y compris d’autres pays que la France ! A cette époque, le site fut extrêmemen­t fréquenté, et contribua à l’essor touristiqu­e de Saint-Malo et de Rothéneuf tout particuliè­rement.

Virginie DAVID

Le site des Rochers sculptés se trouve à Rothéneuf. Pour voir les sculptures, deux possibilit­és : ou vous passez par le bourg, l’accès privé à côté du restaurant le Benetin et vous devrez vous acquitter de 2,50 euros, ou vous passez par la plage, en contrebas.

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