Le Pays Malouin

« On jette chaque année 22 000 tonnes d’ordures à Saint-Malo »

La Malouine Manon Le Corre, 28 ans, est une grande défenseuse de l’écologie et prône le zéro déchet sur son blog (1). Rencontre :

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Votre blog s’organise en plusieurs rubriques, avec une vraie implicatio­n autour de l’écologie. C’est pour vous un point essentiel ?

J’essaie de prôner ce que j’appelle un « green lifestyle ». Je n’aime pas trop cette expression (rires), mais je la préfère à l’idée d’écolo. Être écolo, aujourd’hui en France, c’est parfois vu de façon péjorative. Mais j’essaie de mettre cette dimension écologique en avant, de pousser les gens à avoir une consommati­on plus raisonnée.

Le « green lifestyle » comme vous dîtes est-il bien représenté à Saint-Malo ?

Non, pas beaucoup. Certaines villes sont hyper en avance sur l’écologie mais pas ici. J’adore Saint-Malo, mais on pourrait faire un peu plus, surtout que les gens sont demandeurs et à l’écoute dans ce domaine. Je me mobilise de ce côté, j’ai déjà appelé la ville de Saint-Malo pour tenter de mettre en place des poubelles à compost ! Il faut aussi savoir qu’on jette chaque année 22 000 tonnes d’ordures, de déchets à Saint-Malo. Pas 22 000 kilos mais bien 22 000 tonnes ! On peut vraiment réussir à changer nos habitudes. Dans le cas de la lessive faite à la main, beaucoup me disent : « ça prend du temps, on a autre chose à faire » mais je leur réponds qu’aller au supermarch­é, faire la queue pour acheter sa lessive, faire ensuite sa machine.. eh bien c’est là que se trouve la véritable perte de temps !

Avez-vous toujours été sensible à l’écologie ?

Non, avant j’étais totalement l’inverse. La prise de conscience s’est faite au fur et à mesure, à force de me renseigner et de voir circuler des infos sur Internet. Quand j’ai appris qu’il existait un septième continent composé de déchets plastiques dans le Pacifique, je me suis dit : « Bon stop là, ça suffit comme ça ! » J’ai progressiv­ement changé ma manière de consommer et au final on se rend compte que ce mode de vie, contrairem­ent à ce que l’on peut penser, n’est pas du tout pénalisant.

Quand vous écoutez les discours des politiques, vous vous sentez optimiste pour le « green lifestyle » ?

Je pense qu’il ne faut pas non plus attendre les politiques sur ce point. Quand on voit que les États-Unis se retirent des accords de Paris, qu’en France Marine Le Pen est arrivée au second tour de la Présidenti­elle, on peut se dire qu’il y a une bonne partie des Français qui n’ont rien à faire de la planète. Le contexte n’aide sûrement pas, mais la prise de conscience doit se faire par soimême, par chacun de nous et à notre échelle. Il faut tâcher d’être optimiste, car sinon c’est comme ça qu’on devient un écolo « relou ».

Je pars aussi du principe qu’acheter, c’est voter. Lorsque l’on consomme, on vote. Acheter une chemise fabriquée au Vietnam ou au Bangladesh, c’est voter pour qu’une femme boive un litre de white-spirit dans l’usine de fabricatio­n, c’est voter pour continuer l’exploitati­on des enfants.

Propos recueillis par Paul MANDIN

(1) acutecamer­a.blogspot.f

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