■Nous avons lu pour vous et aimé
Voici une lecture d’été bien agréable et étonnante. Malgré certains passages qui semblent résister un peu à la traduction, malgré le personnage masculin principal qui agace un peu, parce qu’il a tout pour déplaire. Odieux mais central, fascinant la gent féminine, incarnation d’une théorie selon laquelle les êtres odieux attirent…
Mais la promenade qui nous mène au gré de ce roman est instructive et pleine de charme.
Après avoir répondu à une annonce, mademoiselle Prim arrive dans un village particulier… Pauvre d’elle, à qui rien n’est épargné : cette communauté qu’on nous décrit comme parfaite et suspendue hors du temps, est toutefois bien déroutante ; est-elle aussi délicate qu’on s’emploie à nous la décrire, elle qui se mêle de la vie des autres ?
Toutefois, le principe posé est intéressant : ces êtres-là se sont retirés du monde moderne et ont fondé leur village autour de leurs convictions ; notamment leur vision de l’éducation, inspirée de Gargantua, le personnage de Rabelais ; ou encore une conception du féminisme post-moderne qui a de quoi surprendre, mais qui se défend ! Même s’il est théorique, il repose sur l’idée (juste !) que les femmes sont aliénées par leur métier, leurs enfants, etc. et ici, elles se réapproprient tout cela.
Un seul crédo, concret dans ce livre : la transmission du savoir par toutes ses formes, le partage des expériences, et le choix de vivre une vie épanouie. Pas dans l’abstraction : ce crédo est incarné par la manière qu’ont les habitants de se voir : ils passent leur temps à se recevoir, autour d’un thé, d’un chocolat chaud et d’un goûter, pour discuter profondément ; et évidemment, ça fait envie, comme projet de société…
Un très bon moment aux côtés de ces personnages ; en outre, l’auteure ne cède pas à la sirupeuse ’happy end’, elle a opté une fin en suspens… Très plaisant !
Par : La Souris jaune qu e v o u s pouvez retrouver sur son blog : http://sourisjaune. over-blog.com/
Vous trouverez ce livre à la médiathèque de Saint-Malo.
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Natalia Sanmartin Fenollera, éd. Grasset. 2013