« Un témoin de l’histoire de Saint Malo va disparaître »
Un lecteur malouin, Jean-Pierre Rousseau, nous a envoyé ce courrier à propos de la démolition annoncée d’une ancienne maison avenue de Moka. Il s’en désole et livre une réflexion sur l’urbanisation en général.
« Si vous passez avenue de Moka - l’ancienne digue de Moka - devant « Tourville », vous verrez un grand panneau annonçant la construction prochaine d’un immeuble. Cette maison date du tout début du XVIIIe siècle (vers 1720). Elle a vraisemblablement été construite par Datour de Tourville, un des « afféagistes », une des personnes chargée de rendre productives après dessèchement et dessalement les terres isolées de la mer au moyen de la digue de Moka allant du Sillon au Talards.
La maison est en bon état, les boiseries sont en place ainsi que les cheminées. Elle va être abattue pour faire place à un projet immobilier d’envergure. On peut s’étonner que l’autorisation de démolition ait été donnée par la ville. Va ainsi bientôt disparaître ce très rare témoin de l’histoire de l’endiguement et de l’assèchement de la mer intérieure malouine.
Juste à côté se trouve une belle maison de type balnéaire néo-normand en parfait état des années 1900, qui va également disparaître. Il est à regretter que des dispositions n’aient pas été prises par la municipalité pour préserver cet îlot et éviter ces démolitions. C’est la mémoire de l’histoire non pas seulement d’un quartier, mais de St Malo qui disparaît. Ces destructions sont d’autant plus incompréhensibles qu’il s’agit d’un quartier où les immeubles qui présentent un caractère historique ou patrimonial sont extrêmement rares.
On va nous dire que nous sommes passéistes que nous voulons mettre St Malo « sous cloche ». Ce qui fait le charme et l’attractivité de St Malo, c’est justement d’avoir su conserver ces éléments patrimoniaux. Le front de mer ne s’est pas transformé comme celui de la Baule ou des Sables d’Olonne !
Pour une densification maîtrisée
A toutes les époques on a démoli pour construire et la densification doit être une alternative à l’étalement urbain. Par ailleurs, la rénovation urbaine dans ce quartier par le biais de petits immeubles, où il y a des friches industrielles, des maisons et immeubles de qualités disparates doit être conduite en concertation avec la population.
Il faut donc construire, mais en ne détruisant pas n’importe quoi ». Jean-Pierre Rousseau