Le Pays Malouin

Les croyances malouines recensées dans un livre

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Le livre s’appelle SaintMalo, Histoire populaire. Il propose un abécédaire illustré des moeurs et croyances de Saint-Malo, de la côte d’Emeraude et de la côte de Penthièvre. Rencontre avec l’auteur, Hugues de la Touche, et petit florilège.

Peaux de lapins dans les rues d’Intra. Hugues de la Touche s’est souvenu de son enfance malouine, dans les années 50, bercée par les chants de sa mère qui chantait Chateaubri­and… « Je me souviens que j’adorais entendre passer le crieur, collecteur de peaux de lapin, dans les rues d’Intra-Muros, toutes les semaines, il criait : peaux de lapins, peaux !, ça me fascinait », raconte-t-il. Alors il a fouiné, lu et compulsé ces croyances qui imprègnent un pays, en l’occurrence celui de Saint-Malo, pour les immortalis­er dans un livre. Certaines ne manquent pas de surprendre…

Mouettes de malheur. Saviez-vous que les oiseaux aperçus sur le phare du Grand Jardin, au large de Saint-Malo, les mouettes plus précisémen­t, étaient annonciatr­ices de mauvais sort ? « Lorsqu’on voyait des mouettes se nicher sur sa tour, on pouvait être sûr qu’un navire malouin avait disparu. Le nombre d’oiseaux qui venaient s’y percher indiquait le chiffre des victimes du naufrage ».

Votre nom dans la rue. On vivait dangereuse­ment, aux siècles passés… Ainsi, se faire héler dans la rue à Saint-Malo était considéré comme portant malheur : eh oui, « si quelqu’un crie votre nom alors que vous êtes chez vous ou dans la rue peut paraître suspect car les revenants se rappellent ainsi aux vivants »…

Sacro-sainte marée. Ne négligez pas l’importance de la marée pour les Malouins ! Ainsi, si « les malades reprennent des forces à marée montante », ils meurent aussi, à marée descendant­e ! Ainsi, l’auteur se souvient qu’au décès de son grand-père, sa cousine lui avait posé la question, quant à l’état de la marée…

Pauvres mariées. Pauvres femmes qui se mariaient ! Cruel destin que le leur, à Saint-Malo, si le jour du mariage était pluvieux : elle serait « battue toute sa vie, ou verserait autant de larmes qu’il tomberait de gouttes d’eau durant le mariage ». Et dans la baie de Saint-Malo, tandis que la mariée se rendait à l’église, les violons jouaient : « Viens, viens, malheureus­e, viens, voila le bourreau qui t’emmène, voila le bourreau qui te tient ».

Terribles filandière­s de la rue de Dinan. Porte de Dinan à Saint-Malo, on craignait les lavandière­s-filandière­s aux longs cheveux effilés blancs, ou poivre-et-sel ; on racontait qu’elles travaillai­ent la nuit à filer leur longue chevelure, et que, le jour, si vous leur déplaisiez, elles pouvaient vous briser les membres… Charmant ! V. DAVID

Abécédaire illustré des moeurs et croyances de Saint-Malo, Hérédia Presses, 2017, 18 euros.

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