« Bien des villes pourraient s’inspirer de Saint-Malo »
Le journaliste et écrivain Marc Ezrati est l’invité, vendredi soir, à Saint-Malo, d’une conférence sur la sécurité publique. Rencontre avec un spécialiste de la police qui nous donne son point de vue sur la sécurité à Saint-Malo.
« Réinventer la sécurité publique ». C’est le thème de la conférence que donnera Marc Ezrati, ce vendredi 8 septembre, à la mairie annexe de Paramé, à partir de 19h30, à l’invitation du Cercle des Actifs Malouins. Auteur du livre « Police(s) : des haies d’honneur et à la haine anti-flics » (Breal, 2017), Marc Ezrati se passionne depuis plusieurs années pour les forces de l’ordre et leur fonctionnement, dont il est devenu l’un des spécialistes, au micro de la chaîne C News et de Sud Radio.
Résidant à Saint-Malo depuis quinze jours, cet ancien habitant de Saint-Pierre de Plesguen a profité de son séjour breton pour rencontrer les intervenants de la sécurité publique sur notre territoire. Policiers, gendarmes, pompiers, élus, syndicats… Marc Ezrati les a tous interrogés pour les besoins de sa conférence. Voici ses observations :
L’accueil des victimes. « Elle est remarquable à Saint-Malo, comparé à ce que l’on peut observer dans de nombreux autres commissariats de France. Le temps d’attente moyen des plaignants avant leur prise en charge par un policier est de 30 minutes en moyenne. Un temps d’attente très court. À Paris, par exemple, il n’est pas rare de devoir attendre de 3 à 4 heures.
Les victimes bénéficient à Saint-Malo d’une réelle écoute et d’un réel soutien de la part des personnels du commissariat. Quatre jeunes en service civique (2 à Saint-Malo, 2 à Dinard) sont spécialement affectés à l’écoute des victimes dont un bureau a été spécialement installé au sein du commissariat. Le commissaire de Saint-Malo, Pascal Serrand, a su mettre en pratique l’une des exigences majeures des Français à l’égard de leur police : ne laisser aucun Malouin repartir du commissariat sans avoir reçu une réponse, un soutien ou une écoute ».
La présence policière. « Saint-Malo est une circonscription de police qui a en charge la sécurité de 58 000 habitants (Saint-Malo, Dinard et La Richardais). Les commissariats de Saint-Malo et Dinard comptent 128 fonctionnaires. Renforcée par 17 réservistes de la police nationale (retraités de moins de cinq ans), la densité policière dans le pays de Saint-Malo (hors gendarmerie et polices municipales) est de 1 policier pour 400 habitants. Une densité un peu plus faible que dans le reste du territoire mais qui avec le renfort des polices municipales de Saint-Malo et Dinard (respectivement 47 et 17 policiers) fait de cette circonscription une des mieux sécurisées de France ».
L’alcool : un combat sans merci. « À Saint-Malo, l’alcool est responsable de très nombreux faits de violences et de conduite sous emprise. L’ivresse publique et manifeste (IPM) est un délit qui mobilise de nombreux policiers pour des procédures longues et coûteuses. En 2016, 275 IPM ont été réalisés par les policiers du commissariat de Saint-Malo et 126 par les policiers municipaux. La procédure prend 2 à 3 heures par IPM (transport à l’hôpital pour examens, rédaction du rapport, etc.) et mobilise à chaque fois de deux à trois fonctionnaires. L’IPM reste une charge pour la société. La mairie de Saint-Malo réfléchit actuellement à la possibilité de faire porter la charge des frais d’IPM (environ 100 euros) aux contrevenants, ce qui pourrait prendre la forme d’une recette qui irait directement dans les caisses de la commune. Je trouve cette idée portée par Guillaume Loiseau, adjoint à la prévention et à la sécurité à la mairie de Saint-Malo très bonne. Elle permettra peut-être de responsabiliser un peu plus les contrevenants et à lutter contre les récidives ».
Les Voisins vigilants. « Voisins vigilants est un réseau qui permet à des particuliers de s’organiser entre eux, dans leurs quartiers ou leurs résidences pour lutter entre autres contre les cambriolages. Si le développement de ces réseaux est une réalité (une dizaine de communautés se sont créées à Saint-Malo, notamment dans les quartiers de Marville ou de Saint-Servan, quatre à Dinard, notamment à SaintEnogat et La Vicomté et deux à La Richardais) il faut impérativement veiller à ce que ces communautés ne deviennent pas de fait des forces supplétives de police. Si j’encourage le développement de cette forme de relais citoyens, je suis plus circonspect sur l’encadrement de ces réseaux du fait de leur nature virtuelle. Ainsi, pour rendre plus efficace encore ces réseaux, j’en appelle ses animateurs et ses référents à se structurer en association de typer 1901 pour organiser au mieux la sensibilisation de ses membres et faciliter la coopération avec les autorités. Les voisins vigilants doivent rester à leur place de vigie de leurs quartiers et ne pas se substituer d’une façon ou une autre à la force publique. Dans les faits, les dispositifs Voisins vigilants ont un réel impact sur le risque cambriolages. Ainsi, à la Vicomté, en 2016, les cambriolages sur ce secteur sont passés de 10 à 2 et à Saint-Enogat de 14 à 1 tentative ».
Sa. S