Route du barrage : la galère
C’est parti pour deux ans et demi de travaux, avec l’aménagement du carrefour des Millières à La Richardais. Un point noir du trafic entre St-Malo et Dinard que le Département entend gommer. Problème : ces travaux provoquent de gros bouchons le soir.
« Je suis parti à 18h d’IntraMuros. Je suis arrivé à SaintBriac à 19h30 ! » Pierre est fou de rage : une heure et demie de voiture pour parcourir 15 km. Il y a de quoi s’arracher les cheveux. Il risque d’en perdre beaucoup, car en ce mardi 3 octobre, nous n’en étions qu’au second jour du chantier.
Des habitudes à changer
Les travaux entamés la veille, au carrefour des Millières, à la sortie du barrage de la Rance, sur la commune de la Richardais, doivent s’éterniser deux ans et demi. La première phase est prévue pour durer jusqu’au mois de juin, et oblige à circuler sur une voie à partir du barrage. « C’est une énorme galère, continue de pester Pierre. Et encore pour nous, ce n’est pas le plus grave. Je pense plutôt à ma fille qui est lycéenne à SaintMalo. Quand elle rentre, il y a encore les devoirs à faire et tout le reste ».
C’est toute une vie de famille et des habitudes qu’il dit devoir changer le temps des travaux. « Si je veux éviter les bouchons, soit je pars plus tôt et je ramène du travail chez moi, ou alors j’attends 19h30-20h pour quitter Saint-Malo. C’est ce que je fais pour le moment. Du coup, je ne mange même plus avec mes enfants le soir ».
Même son de cloche chez Vanessa qui, tous les jours, doit traverser la Rance pour se rendre à son travail à Saint-Malo. « Je n’ai pas le choix, je suis obligée de quitter mon travail plus tôt pour récupérer mon fils avant que la garderie ne ferme. Le premier soir, j’ai calculé, il m’a fallu 50 minutes pour rejoindre La Richardais depuis la gare de St-Malo ».
« Le point noir, c’est le barrage »
Si le temps de route s’est lui aussi allongé le matin, c’est visiblement le soir que ça coince surtout. « Aux heures de sorties d’école et du travail, c’est la misère. Ça bouchonne parfois dès le lycée Jacques Cartier », se plaint cet autre automobiliste.
« Les gens râlent, en ont marre », poursuit Pierre. « L’autre jour, coincés sur le barrage pour laisser passer en plus deux malheureux bateaux, les automobilistes sortaient de leur voiture et parlaient de créer un collectif. On a du mal à croire que ces travaux vont régler le problème de la circulation. Le point noir, ce n’est pas ce carrefour mais le barrage (1) ».
« C’est mieux »
Nous avons, à notre tour, testé ce trajet à une heure de pointe, lundi dernier. En partant à 18h15 de La Découverte, à la sortie de Saint-Malo, nous étions à 18h35 à l’entrée de Dinard. Soit 20 minutes pour rallier les deux villes. « C’est un peu mieux, constatait également Vanessa. J’ai mis 25 minutes au lieu de 12 habituelles ».
Si la situation semble donc s’arranger un peu, d’autres automobilistes ont préféré changer leurs habitudes et passent désormais chaque jour par le pont Saint-Hubert, à la Villees-Nonais, avant de rejoindre la 4 voies Rennes Saint-Malo. Un sacré détour, pour lequel il faut compter au moins 35 minutes de route aux « mauvaises heures ».
« Des travaux nécessaires »
De la nécessité de ces travaux, les élus, eux, n’en doutent pas. Ils l’ont répété devant les médias locaux, juste avant le lancement du chantier : « Ce carrefour est accidentogène et un point de ralentissement important lors de l’ouverture des écluses, ce qui provoque de gros embouteillages l’été. Les feux ne parviennent plus à régler la circulation et provoquent des bouchons. Enfin, ce carrefour coupe en deux la commune de La Richardais ». Autant de points noirs que ces travaux entendent gommer, au prix d’un très long chantier de deux ans et demi….
(1) Quelques idées sont depuis longtemps évoquées pour désengorger la circulation. Notamment la construction d’un viaduc au-dessus du barrage. Mais le projet, jugé trop cher (200 millions), avait été abandonné en 2013. L’hypothèse d’un « doublement de l’écluse », avec un sas supplémentaire, permettant de ne jamais complètement interrompre le trafic lors du passage des bateaux, avait alors été évoquée. Un projet moins onéreux, estimé à 40 millions d’euros.