Le Pays Malouin

Onze jours pour polluer la vie de son ex

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Ce n’était pas la première fois qu’il comparaiss­ait pour des appels malveillan­ts et menaces de mort à l’égard de femmes. La vie de sa dernière compagne est devenue un enfer. Il a été condamné jeudi à trois mois de prison avec sursis.

Au casier judiciaire de ce jeune homme de 30 ans, 12 mentions. Pour vols, violences, violences sur conjoints. Sur les quatre mentions pour violence, trois sont assorties de menaces de mort sur conjoints ou exconjoint­s.

« La leçon, c’est que visiblemen­t, on n’a pas intérêt à contrarier monsieur ! », souligne la procureure, en faisant allusion aux « messages réguliers, incessants, agressifs et menaçants » de cette affaire, envoyés par le prévenu à son excompagne. Selon la procureure, il n’y avait « aucune certitude qu’il ne passe pas à l’acte » ; « le but de ces messages était bel et bien de les maintenir, elle et sa mère, dans la peur », décrivant « quelqu’un qui a tendance à minimiser ses actes et se défausse complèteme­nt de sa responsabi­lité ».

« Jusqu’à 40 SMS jour et nuit »

Les faits pour lesquels le prévenu comparaît se déroulent essentiell­ement sur une période de 11 jours, en juillet dernier. Quelques jours auparavant, la jeune femme a rompu. Ils ont en commun une petite fille âgée de quelques mois.

« Il pouvait envoyer jusqu’à 40 SMS, jour et nuit, dont des menaces de mort, sur elle et sa mère, qui a d’ailleurs prévenu son employeur pour se protéger », expose la juge.

« Je n’étais pas dans mon état normal, j’étais énervé », argue le prévenu.

Il fracasse la porte de chez sa mère

Harassée, effrayée, la jeune femme finit par se réfugier chez sa mère à Dinard. C’est là qu’il va se présenter, le 21 juillet, et, armé d’une pierre, défoncer l’interphone de la résidence et fracasser la vitre de la porte. « Vous vous rendez compte de l’angoisse, du stress que vous avez pu faire vivre à votre excompagne ? Elle s’est rendue ensuite chez son médecin, qui a dû lui prescrire un arrêt de travail de 10 jours. Qu’est ce que vous vouliez ? ».

« Je voulais voir ma fille », répond le prévenu. «A 22h30 ? », renchérit la juge…

Pour se défendre à la barre, le prévenu explique qu’il était sous traitement médical, qu’il avait arrêté. « Elle m’avait forcé à arrêter, elle trouvait que ça me rendait trop mou », dit-il.

L’avocate de la victime explique qu’elle est « terrorisée ; voulant arranger les choses pourtant, elle a aménagé des visites pour qu’il voie son enfant ; elle vit toujours chez sa mère pour l’instant, parce qu’elle a peur de retourner chez elle ; pour la mettre à l’abri, je sollicite une solution ferme à l’encontre du prévenu ».

Les faits étant incontesté­s, l’avocate du prévenu va quant à elle insister sur le contexte, sur « cette relation de couple pathogène », « énormément de textos ayant été échangés entre ces deux personnes, mais aussi certains faisant preuve de tendresse » ; son client vivant chez ses parents et ayant un emploi en CDI, elle sollicite un sursis et mise à l’épreuve, mais pas de prison ferme. Ce qu’avait pourtant requis la procureure, demandant « douze mois de prison dont huit avec sursis pour que la jeune femme puisse reprendre une vie normale ».

Les juges n’auront pas suivi les préconisat­ions de la procureure et ont opté pour trois mois de prison avec sursis, incluant une mise à l’épreuve de deux ans. Il devra par ailleurs indemniser sa victime à hauteur de 500 euros, suivre des soins, et est interdit de se présenter au domicile de l’une ou l’autre ; il lui est également interdit d’entretenir des contacts avec la victime…

V.D.

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