Le Pays Malouin

La jeune banquière de Dinard jugée 7 ans après avoir volé 200 000 euros

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Sept ans après avoir disparu en Turquie après avoir dérobé près de 200 000 euros au Crédit Mutuel de Dinard où elle était employée, Nurten K., condamnée par défaut en 2011, est rentrée en France pour s’expliquer devant le tribunal correction­nel de Saint-Malo sur ce hold-up hors norme.

Les caméras de surveillan­ce ont tout saisi, ce 12 mai 2010 à l’aube, au Crédit Mutuel de Dinard.

A 6h57, les images montrent une jeune femme pénétrer dans la banque avec un sac. Elle se dirige vers la salle des automates, puis vers un coffre-fort et enfin, s’empare de boîtes en carton contenant des fonds de caisse. « C’était précis et méthodique », a commenté un employé qui a visionné la séquence.

Cinq minutes plus tard, elle quitte les lieux et disparaît en voiture. Avec un butin de 199 970 euros.

Il ne faudra pas longtemps au directeur de l’agence bancaire pour mettre un nom sur l’inconnue qui vient de commettre ce hold-up sans effraction : il s’agit de Nurten K., une jeune employée de l’établissem­ent, qui s’est volatilisé­e dans la nature le jour même, après avoir vidé son compte en banque.

Direction la Turquie

Un signalemen­t est aussitôt envoyé aux aéroports, mais la jeune femme a pris la fuite par la route : direction la Belgique, puis Cologne en Allemagne, où elle embarque pour la Turquie, où vit une partie de sa famille.

C’est là-bas que Nurten va se faire oublier et retrouver du travail, malgré un mandat d’arrêt qui la frappe depuis 2011, date à laquelle elle a été condamnée en son absence à 15 mois de prison ferme pour ce braquage hors norme.

On aurait pu ne jamais plus entendre parler de cette affaire si l’ancienne employée modèle n’avait pas eu le mal du pays : « Ma vie est en France, mon père et mes amis sont ici. Je ne pouvais plus vivre avec ce fardeau. C’est pourquoi j’ai décidé de rentrer », confiet-elle à la barre du tribunal, où elle comparaiss­ait ce mardi 3 octobre pour s’expliquer pour la première fois sur les faits, 7 ans après.

Le mystérieux Baran

Nurten se présente à la barre sans contester ses responsabi­lités, mais évoque un contexte bien particulie­r pour expliquer son coup de folie : son amour pour un Turc nommé Baran et vivant en Belgique, avec qui elle entretenai­t depuis quelques mois des relations tumultueus­es. « Il avait besoin d’argent. J’étais jeune et naïve, j’étais prête à tout pour lui », explique-t-elle.

Nurten aurait donc dérobé cette énorme somme non pas pour elle, mais pour la lui donner. « C’est pour ça que je suis allée en Belgique. Je n’ai gardé que 2 ou 3000 euros pour financer mon voyage en Turquie ».

Tant de risque, un travail perdu, une vie de fuite pour remettre près de 200 000 euros à un homme qu’elle ne fera que croiser, qui lui dira « merci, on s’appelle » et qu’elle ne reverra jamais ?

Les doutes du procureur

Une histoire incroyable que met sérieuseme­nt en doute le procureur. D’autant qu’il ressort des auditions de ses proches à l’époque des faits que Nurten s’ennuyait dans son travail, qu’elle souhaitait démissionn­er et qu’elle voulait voyager…

Et le fameux Baran, qui ne sera jamais retrouvé ? Oui, elle était très amoureuse de lui, mais le week-end précédant le vol, elle se disait déprimée parce qu’elle n’avait plus de contact avec lui…

Mais 7 ans après, la jeune femme n’en démord pas : des 200 000 euros, elle n’en a pas vu la couleur ou presque. C’était un hold-up désintéres­sé, par procuratio­n, pour l’amour d’un homme qu’elle n’a quasiment jamais vu, si ce n’est à travers les écrans d’internet. Un casse à l’eau de rose qui n’a pas convaincu tout le monde…

Une propositio­n d’embauche… dans une banque

Quoi qu’il en soit, de retour depuis un peu plus d’un mois en France, cette jeune femme posée et élégante n’a pas perdu son temps : elle dispose déjà de deux propositio­ns d’embauche, dans une compagnie d’assurances… et dans une banque.

Elle ne pourra pas donner suite à cette dernière propositio­n. Car au-delà de sa condamnati­on à deux ans de prison avec sursis, il lui est désormais interdit d’exercer dans une entreprise bancaire

Et tout n’est pas fini : une audience civile aura lieu le 12 février prochain pour déterminer le préjudice de la banque, qui lui réclamera a minima les 199 970 euros dérobés ce 12 mai 2010 à l’aube. Et qui ont disparu dans la nature.

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