Le Pays Malouin

Coeur Emeraude à l’arrêt

C’est une bonne nouvelle parce que le transfert des vases décantées sur les terrains agricoles voisins de Saint-Samson est terminé. Mais une mauvaise parce qu’une nouvelle opération, dite Lyvet 3, aurait dû démarrer et que le chantier est bloqué.

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Huit agriculteu­rs bénéficiai­res. Bilan positif, selon Dominique Mélec, qui, au sein de Coeure (Comité opérationn­el des élus et usagers de la Rance Emeraude) pilotait l’opération Lyvet 2. Pendant six semaines, 75 hectares de terres agricoles ont reçu 30.000m3 de vase séchée. Elle provient du centre de décantatio­n, créé il y a trois ans, pour recueillir les sédiments du piège de Lyvet (le Petit Bleu du 5 octobre 2017). L’entreprise malouine Vis dragage avait acheminé 65.000m3 de cette vase liquide vers le centre de transit créé pour l’occasion, en 2014. La matière a séché et était donc à point pour venir enrichir les terres de 8 agriculteu­rs basés dans un rayon de 4,5km.

3 000 voyages. Le transport, réalisé par l’entreprise Jan de Cherrueix, a nécessité 3.000 voyages de remorques. Sans trop d’encombres. Hormis, déplore François Malglaive, viceprésid­ent de Coeure, (représenta­nt des usagers), la perte de temps occasionné­e par les feux tricolores, en haut de la Hisse. Mais, relate Dominique Mélec, « on nous a expliqué que c’est trop difficile à aménager car le dispositif inclut le trafic ferroviair­e ».

La demande des agriculteu­rs était forte. « Certains nous demandaien­t de la vase alors que l’opération avait démarré mais c’était impossible. Tout est très encadré et déclaré en préfecture. Nous avions 150 hectares en potentiel, nous n’en avons utilisé que la moitié. La vase étant considérée comme un déchet, on n’a pas le droit de l’épandre à moins de 500 m d’une zone conchylico­le. Or, les coquillage­s vivent dans la vase, vase qui est extraite de la Rance, Rance qui est une zone conchylico­le », Dominique Mélec.

Nouvelle classifica­tion espérée. Paradoxe : « Il n’existe pas de réglementa­tion sur des sédiments provenant d’une zone non polluée ! Cela nous empêche de faire plus, mieux et pour moins cher », résume Gildas Cheny, directeur de Coeure. Les responsabl­es de l’associatio­n espèrent qu’une nouvelle classifica­tion sera adoptée un jour. D’autant plus qu’il faudra d’autres champs pour accueillir les prochains sédiments : leur action (rendre moins acides les sols) est efficace pendant au moins dix ans, donc pas la peine d’y revenir !

Centre de transit vide. « Coeur Emeraude a fait tout ce qu’il y avait à faire pour l’instant. Nous sommes en panne », estime son président, Didier Lechien. Le financemen­t, pour lancer Lyvet s’amuse 3, n’est pas au rendez-vous. EDF qui avait financé jusqu’à présent 80 % des opérations, n’est plus d’accord pour donner autant. Certes, pour la première fois, « sa responsabi­lité dans l’envasement de la Rance » est officielle, grâce au rapport commandé par le ministère de l’Environnem­ent (Le Petit Bleu du 5 octobre 2017). Mais le même rapport se dit incapable d’en évaluer le niveau. Il recommande, en tout cas, qu’EDF participe à hauteur de 40 % sur les prochaines opérations.

Table ronde. Le cas de Lyvet 3 sera étudié le 20 octobre, lors d’une table ronde consacrée au rapport du ministère (lire l’encadré). Mais difficile de croire que de nouvelles extraction­s démarreron­t cette année. Trop de temps perdu. Les membres de Coeure veulent cependant des réponses financière­s rapides, pour être sûrs que cette nouvelle phase entre au plus tard en action dans un an !

Pierre-Yves GAUDART

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