Périphérie : un modèle qui va dans le mur ?
Ces cinq dernières années, les nouvelles surfaces commerciales ont explosé en périphérie de Saint-Malo ou Dinard. Mais ce phénomène n’estil pas en train d’atteindre une limite ?
Ce qui caractérise les implantations de commerces en périphérie, ce sont souvent leur taille. Les grandes et moyennes surfaces ont ainsi essaimé autour de Dinard et Saint-Malo depuis quelques années. En 2016, l’Observatoire économique 35 recensait ainsi 40 commerces de plus de 300 m2 sur le territoire de la communauté de communes de la Côte d’Emeraude. Et 101 sur celui de Saint-Malo Agglomération.
L’une des justifications à la création de ces grands centres commerciaux était de réduire l’évasion commerciale, vers Rennes notamment. De ce côtélà, l’objectif a été partiellement atteint, puisque de nouvelles enseignes sont arrivées sur le Pays de Saint-Malo et l’activité commerciale a globalement progressé. « C’est général, que ce soit dans les centres ou dans les périphéries. Parce que Saint-Malo attire et qu’on y trouve de plus en plus, de tout. Les Rennais, les Parisiens et d’autres y viennent. L’apparition de locomotives comme Leroy Merlin ou la Fnac a ainsi été bénéfique », souligne Jacques Golivet.
Des friches et des cellules vides
Mais il y a aussi les effets pervers. La création de nouvelles zones n’entraîne pas seulement l’arrivée de nouvelles enseignes, mais aussi le déplacement de certaines qui étaient déjà présentes localement. Or, certaines n’ont pas été remplacées après leur départ, créant ce qu’on appelle des friches commerciales.
A Saint-Jouan, on ne constate pas encore vraiment ce phénomène, à une exception près : l’ancien Décathlon. « Là, c’est en rapport au coût du loyer… », indique Jacques Golivet.
En périphérie de Dinard, ces friches sont plus nombreuses et parfois anciennes : l’ancien Weldom [qui doit cependant accueillir l’enseigne Grand Frais prochainement], l’ancien GiFi, parti à Cap Emeraude, le Courte Paille, un ancien magasin de jouets, un ancien magasin d’électroménager…
Autre souci, certaines cellules commerciales restent vides. « A La Richardais, près de l’ancien Intermarché, quatre cellules commerciales avaient vu le jour, fait remarquer Gilles Robert. Depuis, seules deux sont occupées… ». Dans la galerie du nouvel Intermarché, il resterait encore une cellule vide. Ce qui reste correct, au regard des 4 ou 5 qui n’ont pas trouvé preneur dans le retail park du groupe Frey, juste à côté.
A Saint-Malo, ce n’est pas forcément mieux. Dernière preuve en date, la galerie qui a ouvert sur l’ancien site de Réseau pro à l’entrée de la ville (7000 m2) : 4 cellules sur 6 sont toujours vides !
Et toujours plus de grandes surfaces…
Et pourtant, les ouvertures de grandes surfaces continuent. A Cap Emeraude, un nouveau retail park va ouvrir en face de Leroy Merlin, 7000 m2 en plus d’ici la fin d’année. A SaintJouan, c’est 4000 m2 de nouvelles surfaces commerciales qui vont ouvrir.
Pourquoi : « Ces dernières années, on a d’abord fait des zones, et on a cherché ensuite ce qu’on allait y mettre. C’est ce qui ressort du fonctionnement des CDAC actuellement. Avant, la question de la rentabilité économique y était abordée, maintenant, on parle surtout de tôles, d’écologie et de flux… On a suivi la logique des promoteurs. A un moment donné, on le paye », estime Gilles Robert.