Éblouissant Luchini

Sur la scène du théâtre de Saint-Servan, un décor sobre : un fauteuil, une lampe, une petite table. Fabrice Luchini est à Saint-Malo, et c’est un événement. Extraits choisis d’un spectacle trépidant, drôle, où le comédien à 100 000 volts nous offre du Rimbaud, Céline, Nietzsche ou Labiche en faisant toujours mouche.

Le public ne s’y est pas trompé, et avait acheté ses places depuis longtemps déjà. Résultat : une salle archi-comble pour découvrir l’inimitable, le sémillant Luchini pour son spectacle « Poésie ? ». Il commence tambour battant, avec du Cioran. Carrément. Certains se sont peut-être dit qu’il allait falloir s’accrocher. Mais l’artiste dégaine vite son humour décomplexé : « Je pense aux pauvres maris qu’on a traînés au théâtre ce soir, les pauvres… Il y en a toujours une vingtaine qui ne sont pas au courant, sur les 1000 qui sont là ». Ce sera son fil rouge humoristique, les pauvres maris, à Luchini ; et d’humour, il ne manquera pas : un vrai festival, parce qu’il nous fait rire aux éclats, celui qui a démarré sa carrière comme coiffeur, parce que sa mère voulait « le mettre à l’abri des intempéries ». Il entremêle biographie personnelle, anecdotes et grands textes littéraires, il nous fait rencontrer Rohmer, il convoque Johnny Hallyday… Ça lui plaît, à Luchini, que près de 1000 personnes aient payé « cinquante euros ce soir pour écouter du Rimbaud ! Lui qui a écrit si superbement la mer, lui qui ne l’avait jamais vue, vous qui la voyez tous les jours ».

pour Luchini

Et alors que les lumières se sont rallumées, que le public l’a copieusement applaudi, lui offrant même, très largement conquis, une ’standing ovation’, il revient, ému. Il offre encore un moment suspendu, Mamy Blue chanté par le public, en échange d’une autre histoire. Il peut tout faire, Luchini : il l’avait bien fait lors de la soirée de cérémonie officielle de remise des Globes de Cristal, où il avait été récompensé pour ce spectacle en janvier dernier…

Un pur bonheur, qui finit trop tôt.

V.D.