Le Pays Malouin

« Les gens ne sont plus prêts à accepter n’importe quoi à tout prix »

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Qu’en dit l’associatio­n SNC, Solidarité­s Nouvelles face au Chômage ? Existant depuis 30 ans sur le territoire national, depuis trois ans à SaintMalo, ses bénévoles accompagne­nt et soutiennen­t efficaceme­nt les demandeurs d’emploi. Rencontre avec deux de ses chevilles ouvrières à Saint-Malo, Armelle de Coccola et Philippe Leyder.

Ces employeurs qui ne trouvent plus de salariés : cas singulier, ou répandu ?

On entend en effet assez souvent des profession­nels nous le dire. Mais ils réclament des gens qualifiés, et expériment­és, comme les maraîchers qui cherchent de la main d’oeuvre : les gens veulent bien changer, mais pas à n’importe quelles conditions.

Il y a aussi un gros problème d’adéquation entre le nombre de personnes formées et la demande : ainsi, les paysagiste­s ont du mal à recruter sur le territoire. Alors que c’est un métier proche du bien-être, qui fait rêver : il devrait être mis en avant, et donné à connaître !

Certains métiers se plaignent de ce qu’ils sont victimes de leur image. Qu’en dites-vous ?

C’est sans doute vrai, en partie. Ainsi, la pédagogie est certaineme­nt une des clés de l’emploi ; il est dommage que certains métiers n’aient pas la possibilit­é de mieux se faire connaître, qu’un maçon puisse par exemple décrire et raconter son métier, c’est évident que ça favorisait des vocations, même pour une femme, parce que le métier n’est plus ce qu’il était initialeme­nt ; permettre à ces métiers de se faire connaître dans les cursus scolaires serait évidemment une bonne chose, l’Education nationale a sans doute un rôle à jouer de ce côté.

Que dites-vous de l’hôtellerie, la restaurati­on, qui peinent à recruter également ?

On entend des personnes nous dire : ah non, j’ai déjà travaillé cinq, dix ans dans l’hôtellerie, je n’en veux plus. Il y a le problème des horaires, qui ne sont pas forcément simples à gérer pour une personne seule, avec enfants ; et des gens qui se font crier dessus… Des les cuisines des restaurant­s, souvent, il fait très chaud, et on parle à ses collaborat­eurs comme à des chiens : ce n’est évidemment pas toujours vrai mais ça existe encore beaucoup, les gens ne veulent plus de ça.

Diriez-vous que l’on n’accepte moins qu’avant n’importe quoi ?

Le travail nécessite un effort : les gens ne sont pas forcément prêts à cet effort pour n’importe quoi, en effet. On a dévoyé la notion de travail : le travail peut être source de bonheur, il crée du lien social, mais aujourd’hui, on est dans une société où les individus sont très centrés sur eux-mêmes. Accepter un emploi, c’est un ensemble de choses : bien accompagné­e, avec des bonnes conditions, en travaillan­t sur ce que la personne sait faire, on pourra l’amener à ce qu’elle trouve un emploi désiré dans lequel elle aura à coeur de s’investir plutôt que d’en subir un par dépit.

Est-ce que vous ne faites pas ce qu’on aurait tendance à attendre de Pôle Emploi ?

Nous travaillon­s, au niveau national et départemen­tal, en partenaria­t avec eux.

On est complément­aires. La mission du conseiller de Pôle Emploi a évolué, ils ont pour mission de remettre coûte que coûte la personne dans l’emploi. Refuser trois offres et vous êtes radiés, encore faut-il que les offres soient en adéquation avec ce que l’on peut, souhaite et veut faire.

Pourquoi ce que vous proposez fonctionne-t-il selon vous ?

Quand on est en recherche d’emploi, on a besoin de reprendre confiance en soi. Là, on est écoutés, sans jugement, avec bienveilla­nce. Dans cet espace que nous leur proposons, ils n’ont rien à prouver, n’ont aucun besoin de se justifier. Pour les personnes, le seul enjeu c’est le retour à l’emploi, ce qu’il va dire ou faire ne va pas avoir de conséquenc­e sur la suppressio­n de ses droits ou pas.

Nous doublons la veille quant à la recherche d’un emploi, en quelque sorte ; on est là en soutien, et puis on travaille énormément en réseau, avec un carnet d’adresses ; c’est ce qui est réellement efficace, aujourd’hui, connaître quelqu’un qui connaîtrai­t quelqu’un qui recherche, plutôt que les offres d’emploi. V.D.

Contact : snc.saintmalo@gmail.com (Tél. 06 23 23 67 63 ou 06 82 22 92 17). Site Internet : www.snc.asso.fr

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