Amputée d’une jambe, elle veut gravir le Kilimandjaro
Gravir le Kilimandjaro, le plus haut sommet d’Afrique (5 885 m), ce n’est déjà pas simple avec ses deux jambes. Alors quand on n’en a qu’une… C’est pourtant le défi que s’est lancé Wendy Baardman. Rencontre avec une femme épatante.
Cette Hollandaise de 53 ans est une Malouine d’adoption. Elle a découvert notre région en 1965 et en est tombée amoureuse. Depuis, elle passe plusieurs mois chaque année dans un pied à terre qu’elle loue près de Cancale.
Souriante, le regard vif, Wendy a toujours été une femme active. Une sportive accomplie même, puisqu’elle a pratiqué les arts martiaux à haut niveau. Jusqu’à ce funeste jour de 1999.
Une erreur médicale
« J’ai sauté d’un petit mur et je me suis tordu la cheville. Je voulais être sûre de n’avoir rien de cassé, alors je suis allée à l’hôpital [en Hollande] faire une radio », explique Wendy.
Là, on échange sa radio avec une autre et on lui administre un mauvais traitement : « Cela a déclenché une algoneurodystrophie froide. Cela n’a pas arrêté de s’aggraver et en 2003, j’ai dû me résoudre à me faire amputer de la jambe droite ».
A partir de là, elle ne se déplace plus qu’en fauteuil. Ce n’est qu’en 2012 que la perspective d’une prothèse apparaît. « J’ai d’abord dû effectuer une thérapie de compression, pour dégonfler le moignon dont le volume avait explosé. Et puis, en 2015, j’ai essayé une emboîture pour être appareillée. Et depuis mars 2016, je marche à nouveau et… ça va très bien », glisse-telle avec un large sourire.
Evidemment, sa prothèse lui change la vie. Et lui ouvre des perspectives. Comme cette idée d’aller gravir le Kilimandjaro, au Kenya. Mais pourquoi le Kilimandjaro ?
Aider les enfants handicapés du Kenya
Wendy a en fait découvert le Kenya par hasard, après son accident, au cours d’un voyage avec sa soeur. Un coup de foudre. Pour ses paysages, mais aussi surtout - pour sa population. Ses enfants en particulier : « J’ai été frappée de voir qu’ils étaient nombreux à mourir de faim chaque année, en particulier ceux qui sont handicapés physiquement ou mentalement, parce qu’ils ne sont pas une priorité pour leur famille ».
Elle a monté une fondation : « Les amis de l’école de Port Reitz », qui a pour but d’améliorer la vie de ces enfants. Cela passe par un accompagnement scolaire et universitaire, afin de leur apprendre des métiers, l’apport de matériel (fauteuils, prothèses…) etc.
Son défi, c’est donc avant tout pour ces enfants que Wendy veut le faire. Pour recueillir des fonds, acheminer du matériel et lancer de nouveaux projets.
Une longue préparation
Elle s’est fixée un an de préparation. Pour l’aider, elle travaille avec le coach malouin Yann Moulard. « Je l’ai choisi car il est expérimenté, qu’il n’a pas peur du handicap et qu’il a le sens de l’humour ».
Wendy a donc entamé des séances de remise en forme à Basic Fit à Saint-Malo. « Je pourrais aussi m’entraîner sur le sentier côtier ».
Elle va d’abord devoir remuscler son dos, travailler sa stabilité. Car elle a été amputée au niveau du genou même, ce qui crée une asymétrie dans certaines positions, entre les jeux jambes. « Je dois aussi essuyer régulièrement mon moignon, car avec la sueur, la prothèse finit par glisser ».
Bref, tout un travail technique et physique l’attend pendant plusieurs mois. Mental aussi. Mais Wendy a du coeur à revendre. Elle est bien entourée aussi. Ses amies Fabienne et Agnès, originaires de la région malouine et âgées du même âge qu’elle, la soutiennent constamment. Elles l’accompagneront lors de son périple qui devrait durer une dizaine de jours. Les trois femmes ont prévu de grimper le Kilimandjaro vers la fin octobre 2018. Une aventure dont nous reparlerons donc… Nicolas EVANNO
Contact. Le site de la fondation de Wendy Baardman est www.portreitzschool.eu. Tél. 06 32 99 33 66.