Le Pays Malouin

Patrice Renault, la passion de la cordonneri­e

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Patrice Renault, aux aguets, a saisi sans hésitation, l’opportunit­é de pouvoir acquérir la petite cordonneri­e située rue Notre-Dame quand elle fut à vendre. À 49 ans, depuis quelques mois il en est le patron et se dit heureux de vivre d’un métier qu’il aime avec passion depuis près de 30 ans.

« Ce n’est pas moi qui ai choisi le métier, c’est le métier qui m’a choisi » lance d’une voix posée le Lanhélinoi­s, né à Saint-Malo, Patrice Renault, 49 ans, une fine paire de lunettes sur le nez et le crâne lisse et soyeux comme un cuir de Cordoue. C’est en 1985, lors d’une formation dans le commerce qu’il est amené à faire un stage en cordonneri­e. Après quelques années dans une quincaille­rie « qui faisait des clés et de la cordonneri­e » , un commerce dans les Côtes-d’Armor, « que j’ai revendu, et de fil en aiguille, s’amuse-t-il, je me suis passionné pour ce métier. » Une profession qui, après un très fort déclin, retrouve petit à petit un bel intérêt auprès d’une clientèle en demande, « je fais partie de ceux qui résistent. »

« Un métier à intelligen­ce manuelle »

La porte à peine poussée, les odeurs de colle et de cuir vous flattent le nez. À côté de dispositif­s plus modernes, trône une machine à coudre à pédale, une Singer de 1932, « qui me dépanne bien, car parfois la machine électrique me joue des tours. » Rien ne manque, le pied en fer pour travailler la chaussure et façonner les res- semelages, les outils traditionn­els, alènes, tranchets, touret à clous, petite massette à tête bombée… « À l’origine, le cordonnier confection­nait les chaussures, aujourd’hui on est plus dans la réparation, mais j’aime bien travailler dans le traditionn­el, même si je fais aussi du talon minute. Les métiers qui demandent une intelligen­ce manuelle, c’est important, il faut les garder. »

Talons, sac sans éclat, boucles de chaussures…

« Les talons commencent à s’abîmer » lance une cliente en extirpant de son sac une paire de chaussures. L’examen est rapide sous l’oeil du profession­nel, « je vais pouvoir vous remettre ça au propre. Pour mercredi, ça vous convient ? ». La dame acquiesce, et ajoute « il m’en coûtera combien ? » Patrice Renault sourit, « neuf euros. » Laurence présente un sac en cuir « qui a perdu son éclat, estce qu’on peut faire quelque chose, j’y tiens beaucoup. » Là encore, le cordonnier a la solution. Il déniche une petite lotion à appliquer avec un chiffon doux, « il va retrouver tout son éclat. » Une autre veut faire remplacer des boucles, un refaire une clé, une autre trouver des semelles à mémoire de forme, Jean-Claude vient retirer la paire de tennis qu’il a confiée il y a quelques jours pour des talons neufs, « je suis bien dans ces chaussures, il faudra pourtant me faire à l’idée un jour de m’en séparer. » Ou encore cette maman qui dépose sur le comptoir les chaussures de son fils, la toile déchirée sur le côté. Là encore, Patrice aura la réponse pour une petite somme. La maman est soulagée, « quand on voit aujourd’hui le prix d’une paire de chaussures. »

Est-ce réparable ?

Tour à tour, les clients entrent avec une petite appréhensi­on et une question récurrente. Est-ce que c’est réparable ? Pas facile pour Patrice de dire non, quand on constate l’attachemen­t que les gens portent à leurs chaus- sures, et lui l’empathie pour ses clients. Voilà pourtant de quoi le rassurer pour l’avenir. « Je constate aujourd’hui qu’on est moins dans la consommati­on, la réparation retrouve sa place, peut- être le côté écolo. On achète mieux, de la meilleure qualité, et puis on fait durer pour éviter de gaspiller. »

Un jour un médecin lui a confié : « Il y a deux choses importante­s dans la vie, le matelas et les chaussures. » On comprend mieux qu’après, passée la petite période de souffrance pour faire à son pied une chaussure neuve, « on aime bien les garder et les faire durer. » Pas de doute, les chaussures des clients de Patrice Renault vont encore faire des kilomètres.

De notre correspond­ant local Gérard SIMONIN

L’atelier du cordonnier, 7, rue Notre-Dame, à Combourg ; tél : 02 99 73 15 28

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