Le Pays Malouin

Violence et rébellion autour du piano de l’esplanade Saint-Vincent

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La musique n’adoucit pas toujours les moeurs, comme en témoigne cette affaire mettant en scène quatre jeunes et sept policiers, le 7 juillet dernier sur la place Saint-Vincent à St-Malo.

Il est 4h du matin et une patrouille est alertée par le vacarme provoqué par un jeune homme, qui s’acharne sur le piano installé pour l’été à côté de l’office de tourisme. Bryan, l’apprenti-musicien, est accompagné de son frère Mickaël et d’un ami prénommé Samy. Le trio vient d’Etampes, en région parisienne, et a déjà beaucoup bu.

« Les policiers sont arrivés vers nous comme les cowboys », se souvient Mickaël, « ils ont dit à mon frère d’arrêter tout de suite de jouer du piano, parce qu’il jouait comme une merde ».

Une réflexion qui ne plait pas du tout au pianiste d’un soir, qui répond du tac-au-tac : « Vous ne connaissez rien à l’art, connards ! »

Une provocatio­n qui va entraîner son interpella­tion immédiate. Mais « l’artiste » ne se laisse pas faire et insulte les deux policiers sur place, qui voyant la situation dégénérer appellent une patrouille en renfort. Cela ne va pas arranger les choses.

Violence et confusion

Alors que le jeune Bryan est menotté et hurle dans la voiture, son frère Mickaël s’énerve à son tour et se poste devant le véhicule. Son copain Samy s’en mêle. Des coups de poing et des coups de pied sont donnés sur la voiture. Les policiers répliquent à coups de matraque. D’après eux, Samy tente même de prendre l’arme de service d’une agent. Et comme si la situation n’était pas assez confuse, un homme qui passe par là par hasard s’interpose et reçoit lui aussi un violent coup de matraque avant d’être plaqué au sol et menotté.

Tout le monde finit par se faire embarquer. Des coups sont encore échangés dans la voiture qui repart vers le commissari­at et la garde à vue se passe dans un grand climat de tension.

Bref, cette fin de soirée du 7 juillet a été très chaude…

Portable cassé

Quatre mois après les faits, voici les auteurs des violences et des rébellions devant les juges. Beaucoup plus calmes, mais pas impression­nés pour un sou, ils répondent pied à pied aux accusation­s dont ils font l’objet, et rejettent clairement la responsabi­lité des faits… sur les policiers.

« Oui, il y a peut-être eu une petite rébellion, mais il faut voir la manière dont on a été traités », affirme Mickaël. Il dit avoir lui aussi été insulté. Avoir reçu des coups. « Les policiers ont même cassé mon portable parce que je les avais filmés ».

Le passant qui s’est fait poser 5 points de suture après avoir reçu un coup de matraque affirme qu’il n’a porté aucun coup au policier avant d’être violemment frappé. Alors que de son côté, l’agent affirme avoir été bousculé et saisi à la gorge avant de réagir.

Les versions de cette soirée, très divergente­s, ont incité les enquêteurs à interroger trois fois les policiers ayant participé à l’interventi­on. Les contradict­ions des uns et des autres, mises en avant par les avocats de la défense, et parfois par des bribes d’images de vidéo surveillan­ce, n’ont pu être éclaircies à l’audience : aucun des 6 policiers parties civiles n’ayant fait le déplacemen­t au tribunal.

Les faits d’insultes et de rébellion étant néanmoins avérés, les prévenus ont été condamnés à des peines allant de six mois avec sursis à 35h de travail d’intérêt général.

Quant aux policiers, il leur a été alloué plus de 3000 euros de dommages-intérêts.

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