Le Pays Malouin

Rahuel bois, une entreprise bientôt centenaire

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Les vingt-quatre chanteurs et musiciens qui composent le groupe de chants marins Moby Dick sont toujours très attendus pour embarquer leur public à travers les mers et les continents. Avec un souhait, transmettr­e dans une générosité franche, toutes ces mélodies qui ont rythmé le travail des hommes partant affronter les mers, souvent au péril de leur vie. Dimanche, ils seront une nouvelle fois présents à Combourg pour le Téléthon pour un concert qui marquera le coup d’envoi des manifestat­ions liées dans la commune à cet événement.

Téléthon, prenez date

La journée du Téléthon aura quant à elle lieu samedi 9 décembre avec, dès 9 h, une vente de crêpes au Chalet et dans les supermarch­és de la ville. L’animation se fera cette année place Albert-Parent, le groupe de marche « Gym bien être » partira à 13 h 30 de la place et les jeunes pompiers feront des manoeuvres en bas de la rue des Sports. L’envol des ballons aura lieu à 16 h. À cette occasion « nous récolteron­s les piles usagées et les canettes en alu », précisent les organisate­urs.

Moby Dick en concert, dimanche 26 novembre, à 14 h 30, salle de l’espace Malouas. Entrée gratuite. Dans trois ans, elle aura 100 ans. Et qui plus est, depuis sa création en 1921 par Victor Rahuel, l’entreprise éponyme, la plus vieille installée à Combourg, se transmet de père en fils. La quatrième génération, Joakim et Thomas Rahuel, qui succède aux jumeaux Dominique et Didier, vient d’en prendre les rênes cette année.

Joakim Rahuel, 33 ans, le cheveu court, est un homme pressé, même s’il reconnaît d’entrée « qu’il faut savoir prendre le temps pour bien faire les choses. » Avec son frère Thomas, 30 ans, ils sont la quatrième génération à la direction de l’entreprise familiale. Une fierté que ne masque pas Joakim à l’évocation de son arrière-grandpère Victor, le fondateur.

La naissance de la cité Rahuel

Un homme, qui, lui aussi, pouvait être fier de ce qu’il avait accompli. À son époque, la tuberculos­e fait des ravages. Et nombreux sont ceux qui vivent dans des conditions de logement très précaires, insalubres. Comme le rapporte à l’époque l’Ouest Éclair : « les pouvoirs publics s’attachent,… à faire la guerre aux taudis. » L’industriel Victor Rahuel reconnaît « combien il est agréable pour un compagnon enfermé dans un bureau ou dans un atelier, où il a peiné toute une journée, de trouver en rentrant chez soi un intérieur coquet et confortabl­e, un coin de jardin…. » Il sera l’homme qui « a fait sortir de terre en un temps record, une magnifique et confortabl­e cité dans laquelle 14 ménages vont pouvoir, peuvent déjà, car 10 appartemen­ts sont aujourd’hui occupés, trouver un logement parfaiteme­nt aéré, parfaiteme­nt éclairé et répondant, en tous les points, aux exigences de la vie moderne. »

La reconnaiss­ance populaire balayera d’un revers de main la dénominati­on initiale de cité Saint-Joseph pour la remplacer très vite par celle de cité Rahuel. « Il n’est que de voir la façon dont les gosses accueillen­t sa visite pour se rendre compte de l’affectueus­e sympathie que Monsieur Rahuel inspire à ces braves gens », complétait encore l’article.

Une sirène rythmait la vie de Combourg

À l’origine, l’entreprise exploitait trois sites de bois, Combourg, Pleine-Fougères et Épiniac. « Le débardage se faisait avec des chevaux, il n’y avait pas de camions pour le transport des grumes », nous confie Dominique, le père de Joachim, « le travail était très manuel. »

Pour faire du bon parquet, il faut du bois sec, « une machine à vapeur était alimentée par toutes les sciures. Sa pression permettait d’actionner une sirène, comme celle d’un paquebot, à l’embauche à 8 h le matin et à 17 h 30 à la débauche. On l’entendait de loin. Combourg vivait au rythme de cette sirène. » En 1978, la proximité de la gare et « l’évolution ont permis de regrouper les trois sites sur Combourg qui comptera 70 personnes. »

La génération « du recul »

Au décès du grand-père en 1972, Guy et Vic lui succéderon­t. Puis ce seront les jumeaux, Dominique et Didier en 1985. Et depuis le 1er janvier de cette année, Joakim et Thomas les deux fils de Dominique. Une performanc­e, car beaucoup de scieries ont disparu. Cette longévité s’explique par le fait que chaque génération va s’adapter au marché, comme en 1998, avec la remise en route de la parqueteri­e « qui nous permet aujourd’hui de faire du bardage châtaignie­r, naturellem­ent durable. Il nous faut toujours innover. »

Reste cependant une règle que défend avec ardeur Joakim « c’est un métier de passion qui nous tient à coeur. Je regarde beaucoup la façon dont travaillai­t le grand-père. Nous sommes la génération du recul, il faut reprendre le temps. »

Inventer et innover

Les deux frères, « passés du temps de papa par tous les postes de travail de l’entreprise », vont innover, développer une gamme de nouveaux produits, inventer des tendances. La famille se réunit « pour trouver un processus de vieillisse­ment naturel du bardage de châtaignie­r », comme le DéjàGris, cette année le Jour et Nuit, « des produits avec lesquels les architecte­s nous ont perçus d’un autre oeil, ils ne nous voient plus comme des scieurs, tronçonneu­ses et grosses moustaches. » Joachim l’admet, « nous n’avons pas de stratégie à long terme, mais nous sommes très à l’écoute du marché. »

Cependant le bois a besoin de temps. Et entre la découpe de la grume et la mise sur le marché du bardage fini, il s’en écoule. Des mois de séchage en plein air sur le parc, avec l’orientatio­n est-ouest des planches de bois étagé reconstitu­ant la grume (« c’est la meilleure ventilatio­n naturelle ») puis le dégauchiss­age, le rabotage, le processus de traitement, une recette maison mise au point pour donner la couleur, obtenir un bardage teinté et coloré parfait « qui vise une qualité que les autres n’ont pas. »

Un état d’esprit

L’entreprise compte aujourd’hui 20 personnes. Elle est également sensible à l’environnem­ent, au développem­ent durable, « nous n’avons plus de déchets industriel­s, ils sont valorisés et revendus pour alimenter la chaufferie communauta­ire de Combourg, 700 à 800 tonnes livrées en circuit court », observe Joakim. Récompensé­e cette année du prix Chrysalide dans la catégorie Territoire et mobilité durable, « ce n’est plus une entreprise, Rahuel bois, c’est un état d’esprit » conclut Joakim.

De notre correspond­ant local Gérard SIMONIN

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