Le Pays Malouin

« Les propriétai­res veulent pouvoir aller à la boulangeri­e comme tout le monde ! »

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Olivier de la Rivière est le propriétai­re de l’Hôtel d’Asfeld, Intra-Muros, depuis 2005. Par lui, les portes des demeures les plus représenta­tives de la région de Saint-Malo, les malouinièr­es, se sont ouvertes : il en a fait un livre. Olivier de la Rivière nous parle de ceux qui y vivent…

« Pour que ce livre ait pu être possible, je salue tous les propriétai­res de malouinièr­es qui ont bien voulu ouvrir leurs portes. Il s’est agi pour eux de donner à voir un peu de leur lieu de vie, conscients qu’ils possèdent un patrimoine rare, pour SaintMalo et son histoire. Et même si c’est ’leur chez eux’, ils se disent aussi qu’il faut entrebaill­er la porte… Dévoiler un peu de leur intimité. Car il s’agit bien de cela : ces lieux magiques, extraordin­aires, historique­s, ce sont aussi leurs lieux de vie quotidiens !

Les vrais propriétai­res de malouinièr­es, ce sont ceux qui vivent leur maison au naturel, simplement. Personne ne peut forcément savoir qu’ils habitent une malouinièr­e. Pour nous, ce n’est pas la malouinièr­e, c’est ’la maison’. « On rentre à la maison », ou on dit « tu passes à la maison ? » Alors bien sûr, ça suscite parfois des surprises !

Les propriétai­res de malouinièr­es sont généraleme­nt des gens discrets, et d’autant plus attachants ! Ils veulent pouvoir aller à la boulangeri­e tranquille­ment, comme tout le monde ! Ils roulent avec de petites voitures, vous les croisez dans la rue tous les jours sans les voir, ils ont une vie comme tout le monde.

C’est une façon de préserver sa vie, et d’être comme les autres : la plupart ont des enfants, qui vont au collège, au lycée : et jusqu’à ce que les copains ne viennent à la maison, eh bien ils sont comme les autres. Ils dévalent le grand escalier leur sac sur le dos, comme les autres !

L’envers du décor

Bien sûr, il y a l’envers du décor, car la vie dans un lieu comme celui-là est très particuliè­re : savez-vous par exemple que nous ne pouvons pas chauffer ? Les demeures sont classées, et le chauffage déterriore­rait les boiseries. On est bien couverts à l’intérieur ! Ici, à l’hôtel d’Asfeld, la températur­e peut tomber jusqu’à 6° en hiver ; en réalité, dans cette maison quelques pièces à l’étage ont été endommagée­s par le passé, alors celles-là ne craignent plus rien. Mais il n’y a jamais de chauffage dans les salons du bas.

Une fenêtre, 12 000 euros

Quant à ces fenêtres hautes… Quand je change une fenêtre, cela représente… le prix d’une voiture ! Cela me coûte 12 000 euros.

En ce qui nous concerne, nous sommes propriétai­res du seul hôtel particulie­r d’Intra-Muros. Nous avons choisi, avec mon épouse, de l’ouvrir au public, et depuis 2005, 30 000 personnes sont venues le visiter. Ce sont forcément des conditions de vie particuliè­res ! La demeure est fermée pendant les fêtes, de la mi-décembre à la mi-janvier environ ».

Reccueilli par V.D.

Olivier de la Rivière (textes) et Hervé Ronné (photos). Editions Ouest-France. Dédicaces le 23 décembre à la droguerie de marine, la semaine d’avant Noël Intra-Muros. L’hôtel d’Asfeld est fermé aux visites à partir du 15 décembre.

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