Le Pays Malouin

Accident mortel après un repas de chasse trop arrosé

Il conduisait très alcoolisé sur la route d’Epiniac en rentrant de la chasse. Le drame n’a pas pu être évité. Son passager, son meilleur ami, n’a pas survécu à ses blessures.

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« C’est un drame qui aurait pu être évité. » C’est la conclusion du président du tribunal de Saint-Malo ce 23 novembre.

À la barre, un homme de 64 ans. La tête baissée, il répond aux questions du tribunal en pleurant. Il comparaît ce 23 novembre pour homicide involontai­re, et c’est son meilleur ami qui est mort.

3 décembre 2016, partie de chasse à Epiniac. La journée est festive, on boit quelques apéritifs, un peu de vin au repas traditionn­el avec les autres chasseurs, et puis un peu de champagne aussi au dessert. Le prévenu reconnaît avoir beaucoup bu, mais explique qu’après tout ça, il a attendu deux heures pour prendre le volant, le temps de ranger la salle du festin.

Une amitié brute et touchante

Une fois les deux heures passées, il embarque avec lui son ami comme à l’accoutumée. « Une fois c’était moi qui conduisait, la fois d’après c’était lui » explique-t-il. Car les deux hommes sont très liés. « Mon copain », voilà comment il le surnomme tout au long de l’audience. Après avoir fait les terre-neuvas ensemble, les deux compères ne se quittaient pas. Une amitié brute et touchante. Me Bataille Gedouin qui défend le prévenu la raconte : « C’était deux hommes qui faisaient tout ensemble, qui se voyaient tous les jours. Ils n’avaient pas beaucoup de relations sociales, mais ils étaient copains, et ça leur suffisait. »

45 à 50 km/h…

Voilà donc les deux amis partis en voiture avec 1,50 gr d’alcool dans le sang pour le conducteur, et 2,23 gr pour le passager. Sur la route départemen­tale 85, l’homme perd le contrôle de son véhicule, monte sur un trottoir et percute un mur d’habitation. Son ami à côté de lui ne portait pas de ceinture de sécurité. Les conséquenc­es humaines sont dramatique­s : le passager décède. Selon l’expert, la voiture roulait à une vitesse de 45 à 50 km/h…

« J’ai fait le con »

Le prévenu a un casier judiciaire vierge : pas une seule fois condamné, ni même jamais eu un seul accident. Un temps, il se persuade que les freins n’ont pas réagi. Ce qui est contesté formelleme­nt dans la procédure : les experts assurent qu’ils étaient en parfait état de marche.

Alors oui, « c’était un drame évitable. » « J’ai fait le con » pleure le prévenu. L’avocat de la famille de la victime, qui ne veut pas de sanction trop lourde pour le prévenu, sollicite un renvoi pour déterminer plus précisémen­t le montant des dommages et intérêts qu’elle requière.

L’homme, prostré, a été condamné à 12 mois de prison avec sursis. Le tribunal a estimé qu’il aurait raisonnabl­ement dû ne pas prendre la route, et à tout le moins s’assurer que son passager portait sa ceinture. Son permis de conduire est annulé, et il a interdicti­on de s’en voir délivrer un avant 5 ans.

« Son permis de chasse, c’est tout ce qui lui reste »

Le procureur de la République avait demandé que le permis de chasse lui soit également retiré. Me Bataille-Gedouin avait vivement réagi : « Je vous en conjure, ne lui retirez pas, c’est tout ce qui lui reste. » Une requête entendue par le tribunal : l’homme pourra continuer à chasser.

De notre correspond­ante au tribunal Sophie Le Noën

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