Ces animaux marins qui arrivent sur nos côtes
Des physalies ou créatures très dangereuses des mers chaudes, ont été retrouvées sur une plage de de Pleubian, dans les côtes d’Armor. Poussées par les vents, ou amenées par le réchauffement climatique ? Ce n’est pas le seul animal marin qui interroge les scientifiques. Plongée au coeur des océans et de leur mutation, avec Eric Feunteun, le directeur du CRESCO à Dinard.
La physalie. C’est la grande surprise, et pas une bonne, de ces dernières semaines. Rassurez-vous : on ne l’a pas détectée sur notre côte d’Emeraude. Mais pas loin, cependant. Cette très agressive créature proche de la méduse, aux couleurs vives et translucide, également appelée galère portugaise ou vessie de mer vit principalement dans les mers tropicales et subtropicales des océans Atlantique et Indien. Observées en 2012 à Belle-Ileen-Mer, Concarneau, Arzon, Sarzeau et dans l’archipel des Glénan, elles l’ont encore été en septembre dernier sur quelques plages du Finistère. Le même mois, l’une d’entre elles a été trouvée à Trégastel et quatre à Pleubian dans les côtes d’Armor, et à nouveau plusieurs dizaines il y a à peine une semaine. Fin octobre, plusieurs communes du Morbihan ont pris des arrêtés municipaux pour interdire la baignade sur leurs plages en raison de la présence de physalies. Une présence contextuelle ? Cellesci auraient-elles été poussées jusqu’aux côtes européennes par les fortes tempêtes survenues récemment au-dessus de l’Atlantique ? A suivre…
Le poulpe. On pêchait le poulpe, avant, dans nos eaux, et jusque dans les années 60. Quelques hivers trop froids et le gel ont eu raison de la bête aux multiples tentacules. Mais aujourd’hui, on commence à en revoir : « Il a été repéré aux Minquiers, archipel normand au sud de Jersey. C’est un exemple assez caractéristique de reconquête d’habitat », note le directeur de la station de biologie marine.
La langouste. Là encore les causes d’apparition ou de disparition sont bien spécifiques à l’espèce, mais la langouste avait disparu, sans doute en raison d’une sur-pêche et de conditions climatiques trop froides, mais elle réapparaît chez nous. Voici trois ans que les plongeurs du CRESCO de Dinard l’observent dans nos eaux du pays de Saint-Malo.
Le maquereau espagnol. Il gardera avec lui son mystère. Pour la plus grande joie des pêcheurs, le maquereau espagnol ou bonite avait fait son apparition dans nos eaux il y a trois ans. Le boom de la bonite a duré deux ans, et puis plus rien. Conditions favorables du moment très certainement, et puis ? A voir les observations sur les années à venir.
Le gobie à bouche rouge. Le gobie à bouche rouge est un poisson normalement présent dans l’est de l’océan Atlantique, du sudouest de l’Irlande aux côtes sénégalaises ; il a été signalé au large du pays des Abers (Finistère nord).
Le sar et la dorade royale. Ce très bon poisson qu’est le sar et qui se tient surtout à proximité des roches est plutôt un poisson du sud, et des côtes de Gascogne. Mais il est chez nous, et bien là. De même que la dorade royale, qu’on avait pu voir jusqu’ici dans le sud de la Bretagne mais pas sur nos côtes est devenue très commune en Manche depuis cinq à six ans. « Même si on a du mal à faire la part des choses entre le réchauffement climatique et le hasard, ce réchauffement est indéniable », conclut Eric Feunteun. Et il ajoute : « D’ailleurs, la Bretagne s’est réchauffée plus vite qu’ailleurs dans le monde ».
V.D.