Dix nouvelles « noires nées d’une tragédie

Sylvie Vadis a perdu son fils, Dylan, dans la nuit du 19 au 20 mai 2014, sur la 4-voies, à hauteur de Plerguer. Ce drame personnel lui a inspiré un recueil poignant.

« Noir est l’arc-en-ciel » : ce titre, Sylvie Vadis l’avait en tête depuis longtemps. L’auteur de Pleslin-Trigavou, par ailleurs correspondante de presse pour Le Petit Bleu et Ouest-France, l’a donné à un recueil de dix nouvelles, qui vient d’être publié aux éditions Astoure.

Rien à voir avec ses polars et son personnage fétiche, MarieJeanne Paémé… Ces dix histoires-là ont été inspirées d’un drame personnel : le décès de son fils, Dylan, suite à un accident de la route. Il avait chuté de sa moto 125 cm3, sur la 4-voies, à hauteur de Plerguer. C’était dans la nuit du 19 au 20 mai 2014. Il n’avait que 17 ans.

« L’arc-en-ciel », c’est l’image que Sylvie avait utilisée, lors des obsèques, pour parler de Dylan et du bonheur qu’il apportait à ses proches. Depuis, « je continue à recevoir des photos d’arcs-en-ciel… De partout… Savoir que ceux qui me connaissent et ceux qui ont connu Dylan l’associent à l’arc-en-ciel est une fabuleuse chose. Cela me montre que Dylan n’est pas oublié… », explique-t-elle.

Thérapie

Ce recueil, lui aussi, est un bel hommage. Mais c’est aussi et surtout une oeuvre littéraire. Plutôt qu’un récit-témoignage, Sylvie Vadis a opté pour de courtes histoires au style incisif. Des histoires qui lui ont trotté dans la tête jusqu’à ce qu’elle se pose pour les écrire, une semaine durant, au mois d’août dernier. Au crayon et sur papier, « à l’ancienne », elle a « gratté » matin, midi et soir. « J’ai considéré cette écriture comme thérapeutique. J’avais besoin de sortir tout cela et quelque part de régler mes comptes », avoue Sylvie. C’est ainsi qu’apparaissent dans le livre le blouson de Dylan, détruit par erreur au lendemain de l’accident ; sa carte grise jamais retrouvée ; le chauffeur routier, un des premiers sur les lieux de l’accident, que la maman a dû chercher par ses propres moyens…

Le livre est poignant. Glaçant parfois. Pourtant, seules deux des dix nouvelles sont vraiment « réelles ». La dernière, « Traumatisme », a été « la pire qui soit à écrire ». Sylvie y raconte cette nuit tragique, « mais comme un simple témoin ». « Ce n’est que lorsque j’ai mis le point final du recueil pour dédier tout cela à Dylan que j’ai complètement craqué », raconte l’auteur.

Quant à savoir si ce recueil peut aider d’autres mamans ayant vécu la perte d’un enfant… difficile à dire. « Peutêtre… en leur montrant que malgré cette douleur indicible, on peut continuer à vivre, à tenir debout, à faire des choses », répond Sylvie. Mais « chaque drame est tellement personnel… Une tragédie que chacun essaye de gérer à sa façon ».

Bernadette RAMEL

« Noir est l’arc-en-ciel », éditions Astoure. Tarif 7€.