Le Pays Malouin

« Un bon flic est un flic mort » : le procès d’un anarchiste à St-Malo

-

Il connaît bien les tribunaux de Carcassonn­e, Bastia, Marseille, Paris… Tout juste sorti de la prison de Fleury Mérogis, l’anarchiste qui a faussement accusé des policiers malouins de violences peut désormais ajouter Saint-Malo à son patrimoine judiciaire.

À l’audience du 7 décembre dernier, trois policiers sont assis sur le banc des victimes du tribunal correction­nel. Derrière eux, de nombreux collègues. Ils viennent défendre leur honneur : le prévenu mis en cause a rédigé un long billet sur un blog pour dénoncer des violences policières. « Ils m’ont tellement écrasé que j’ai perdu connaissan­ce. Même inconscien­t, ils ont continué à me rouer de coups » écrivait-il alors.

Sauf que les policiers n’ont pas tout à fait la même version de cette soirée du 31 juillet 2017.

Un « tabassage en règle »

Elle commence à l’hôpital du SaintMalo où le jeune homme accompagne sa petite amie, plongée dans un coma éthylique après une soirée très arrosée pour fêter sa sortie de Fleury-Mérogis dans « une boîte bien pourrie » Voilà pour le prélude.

Très vite il se montre agressif et menaçant, armé d’un couteau. Le service des urgences appelle la police à la rescousse. Devant sa nervosité, les quatre policiers décident de le menotter. Et la situation empire : l’homme refuse de les suivre, puis tente de se blesser, tape dans le mur avec ses pieds et ses poings. Voilà ce qu’il qualifiera dans son texte de « tabassage en règle. » de l’intramuros.

« Le préjudice est énorme »

La garde à vue rock’n’roll levée, il rentre chez lui, et s’assoit derrière un ordinateur pour rédiger sa longue complainte.

Un texte virulent, que l’on trouve plutôt facilement avec un moteur de recherche. Et c’est bien là le problème : « Les écrits sur internet restent » déplore Me Stichelbau­lt. « Ces policiers ont leurs noms divulgués sur Internet, ils ont des femmes, des enfants à protéger : le préjudice est énorme. »

« Les règles, je m’en fous »

D’autant que le mea culpa de l’anarchiste n’est pas au programme. « J’ai une envie furieuse de vengeance » écrit-il noir sur blanc, ajoutant la photo d’un panneau « Un bon flic est un flic mort. »

Très énervé d’avoir affaire à la justice, il quitte la salle d’audience : « Allez vous faire voir ! » avant de revenir dix minutes plus tard, pas moins énervé : « Ça fait longtemps que je suis anarchiste, les règles je m’en fous un peu. »

Délit d’opinion ?

« Il n’est pas présent pour un délit d’opinion » tient à souligner Me Stichelbau­t. « Ce qu’on lui reproche, c’est d’avoir porté des accusation­s qui se sont avérées fausses. »

Les agents ont « tenu à marquer leur indignatio­n » par leur constituti­on de partie civile et leur présence.

« Il doit entendre qu’il y aura toujours une raison policière, que les policiers ne se laisseront pas intimider. Ils ne se courberont pas devant vous parce que vous avez décidé que vous ne les aimiez pas » explique l’avocat au prévenu, qui soupire et ricane.

Le prévenu est condamné à une peine de 800 € d’amende. Il devra également verser 800 € à chacun des policiers.

Rendez-vous est fixé en mars pour son retour fracassant à la barre : il sera cette fois jugé pour les faits d’outrage et de rébellion de la même soirée.

Newspapers in French

Newspapers from France