Florian Bigaud, l’opposant au mégaphone
Il est l’un des principaux opposants à la tour Le Semaphore et à Claude Renoult. Initié à la politique locale par l’ancien maire René Couanau, pas du genre à avoir sa langue dans sa poche, « l’agitateur » Florian Bigaud a ses adeptes mais aussi ses détracteurs. Gros plan sur un Malouin qui ne laisse pas indifférent.
Son arrivée à Saint-Malo. Né à Paris, Florian Bigaud a attendu la retraite de ses parents pour poser ses bagages à Saint-Malo, à 16 ans. « J’y venais en vacances tous les étés. Mes grands-parents sont originaires de Saint-Servan ». Lui qui se rêvait, gamin, élève au lycée Jacques Cartier voit son voeu se réaliser. C’est dans ce bahut, où il décrochera un Bac ES que naît son engagement pour la cause publique. Vice-président de la vie lycéenne, il intégrera ensuite le conseil d’administration de l’Université de Rennes 1 lors de ses études de droit.
Son engagement politique. À 17 ans, Florian Bigaud vit la « qualification » de JeanMarie Le Pen pour le second tour de la Présidentielle 2002 comme un séisme. « Quand j’ai vu son visage à l’écran, j’ai hurlé… Ça a été un électrochoc pour moi. Il fallait se bouger », explique le jeune homme qui n’a pas changé de discours quinze ans plus tard. « Je n’ai eu aucun souci à voter Macron au second tour cette année ».
De « droite », il rejoint l’UMP naissante et devient en 2005 responsable départemental des Jeunes Populaires. En 2007, il fait partie de ceux qui entourent le futur président Sarkozy lors de sa venue à Saint-Malo. Aujourd’hui, Florian Bigaud se dit toujours de « centre-droit » mais « sans étiquette ».
Sa proximité avec René Couanau. À quelques mois des Municipales de 2008, il prend les devants avec René Couanau et lui fait part de sa « disponibilité ». Le maire de la cité corsaire lui rétorque « qu’il avait compris ». Florian Bigaud est de l’aventure, en 35e position. Pas de chance, la liste Couanau obtient 34 sièges. Florian Bigaud patientera un an, et une démission plus tard dans les rangs de l’équipe Couanau, pour intégrer le conseil municipal. Il est à nouveau de la partie en 2014, toujours aux côtés de René Couanau. Mieux placé mais sur une liste qui sera battue. Bye, bye la vie d’élu municipal. Avec son ancien mentor, il dit ne pas avoir de relations particulières aujourd’hui. « On discute un peu quand on se croise au supermarché ». Point final.
Son combat pour Intra. « Intra, c’est le coeur de vie de St-Malo. C’est pour Intra que les touristes viennent ici. C’est devant Intra qu’on installe la patinoire et pas sur le parvis de la gare ou de la médiathèque. Qu’on le veuille ou non, c’est le centre de StMalo, on ne peut pas aller contre-nature ». Florian Bigaud est un amoureux de la ville close, l’un de ses fervents défenseurs et aussi président depuis un an et demi du comité de quartier Intra-Malo. Et pourtant… Il n’y habite pas ! « J’ai quitté Intra pour les raisons qui posent problème à y vivre. En particulier le stationnement. Il m’est arrivé de devoir tourner une heure et demi en voiture avant de pouvoir m’y garer. Avec des enfants en bas âge, ce n’est plus possible ».
Sa défiance envers Claude Renoult. « On a perdu, Claude Renoult a gagné. La démocratie a parlé en 2014. Il fallait donc laisser sa chance au nouveau maire ». Florian Bigaud estime aujourd’hui que Claude Renoult ne l’a pas saisie et « clive » la ville. « Il n’est pas le maire de tous les Malouins. Il ne dialogue pas, n’écoute pas. On le voit sur différents sujets. Il fait croire à une concertation mais il n’y en a pas. On disait le roi René mais lui c’est l’empereur Claude ».
Son opposition au Sémaphore. « Cette tour est arrivée comme ça, subitement, comme un cheveu sur la soupe. Je suis contre cette tour. Et je pense que la majorité des Malouins partage cet avis. Il faut que Claude Renoult accepte de faire un référendum à ce sujet. S’il le gagne, il en sortira grandi… » estime le jeune homme qui travaille aujourd’hui dans l’immobilier.
Son coup de gueule contre la minorité municipale. Avec son compère Arnaud Joubert, ex-jeune élu couaniste lui aussi, Florian Bigaud a créé l’association Saint-Malo 2.0. Leur slogan ? « Réfléchir ensemble et agir pour tous ». L’asso regroupe une vingtaine d’adhérents et 400 « likers » sur Facebook. « On monte en première ligne, car personne ne le fait, personne ne dit rien, il n’y a pas de leadership dans les rangs de la minorité municipale », justifie Florian Bigaud. La nature ayant horreur du vide, Florian Bigaud occupe ce terrain d’opposant au maire, laissé vacant selon lui. « Je ne comprends pas leur silence », ditil en désignant ses anciens colistiers couanistes, aujourd’hui conseillers municipaux de la minorité. « On a été élus sur des valeurs qu’ils se doivent de faire vivre ».
Son avenir politique. Alors, Florian Bigaud, candidat aux prochaines Municipales en 2020 ? « Si personne n’entend porter une vision autre que celle défendue par Claude Renoult, alors oui, s’il faut aller en première ligne, j’irai ». Voilà qui est dit, et sans langue de bois.
Son côté agaçant. « J’étais chauffeur de salle dans les meetings politiques ». Ce côté grande gouaille combiné aux hurlements de son mégaphone qu’il brandit lors des manifestations, agace ses détracteurs. Ça lui a valu un coup sur la tête d’un « pro-Renoult » lors de la manif contre la LGV, l’été dernier. On se rappelle aussi que son mégaphone lui a valu par le passé les remontrances d’un arbitre quand il était un supporter assidu de l’USSM dans les tribunes de Marville. Quant à ses prises de position, elles lui valent parfois des volées de bois vert sur les réseaux sociaux. « On ne peut pas plaire à tout le monde », sourit Florian Bigaud qui, visiblement, accepte sans sourciller les critiques. « Ce n’est pas un souci pour moi et ça ne m’arrêtera pas. J’ai l’engagement public dans la peau ». Voilà tout le monde prévenu.
Sa. S