Le Pays Malouin

Des parcours « qui ne nous laissent pas indemnes »

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Trois voix fortes pour dire la rudesse de là-bas. Nasrine Nabiyar, Joude Jassouma, et Adeline Faure-Chognard étaient les invités de l’Encre Malouine jeudi dernier, au Vauban 2, aux côtés de Charlotte Cabot et de la libraire du Porte-Plume Patricia Mériais.

La présidente de l’associatio­n Charlotte Cabot l’a annoncé en préambule : « A l’Encre Malouine, on essaie de dire les choses qui ne nous laissent pas indemnes ». Avec les trois invités du jour, on était vite dans le vif du sujet.

Les roquettes puis les bombes

Le quotidien de Nasrine Nabiyar, c’est l’exil, depuis 1990. Après les roquettes, elle a connu les bombardeme­nts, puis a fui Kaboul avec deux de ses quatre enfants. Les plus grands étaient restés avec leur père, « parce qu’eux ils pouvaient courir ». « En France pendant une semaine j’ai pleuré derrière la porte. Et maintenant, qu’est ce que je fais ? » s’était dit alors l’ex-prof d’université Nasrine Nabiyar très active dans son pays.

Sa maison bombardée quatre fois

Joude Jassouma vient d’Alep, c’est d’ailleurs le titre de son livre (Je viens d’Alep). Il raconte sa maison bombardée quatre fois, par trois régimes différents, l’appartemen­t qu’il y louait « au dernier étage » parce que « c’est moins cher, si vous êtes bombardé vous ne vous en sortez pas », la traversée de la mer Egée, sur un canot au milieu de 55 autres personnes. « Je préfère mourir d’un seul coup en mer plutôt que de voir ma petite fille mourir un peu chaque jour », s’était-il dit avant de traverser. Sur le plateau de l’Encre Malouine jeudi, il ajoute : « On a des rêves et on a des choses à faire en France ».

Quant à Adeline Faure-Chognard, elle est malouine et a suivi le pas de ses ancêtres se battant pour les autres en Afrique. Elle combat l’excision par une solution concrète, courageuse : elle crée des vêtements avec d’anciennes exciseuses pour les détourner de leur ancien métier. Mais elle cherche des soutiens, qu’elle n’a pas eus pour l’instant. « Les mécènes ça existe et quand on a un projet comme le tien, Adeline, il ne doit pas rester embryonnai­re », a commenté Charlotte Cabot.

V.D.

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