La question des moyens re-posée de manière criante
Le 14 décembre, nous publiions en Une de notre journal une enquête, intitulée : « Hôpital psy, le personnel à bout ».
Il s’inscrivait dans un contexte tendu au niveau national, où un peu partout le manque de moyens au service de l’accueil des patients souffrant de pathologies mentales était dénoncé.
Saint-Malo n’y faisait pas exception, et un certain nombre de soignants, sous couvert de l’anonymat pour se protéger, s’en émouvaient. Souffrant dans l’exercice de leur profession, qui consiste à venir en aide, soigner, prendre soin des patients.
A Saint-Malo, s’ajoute un autre fait, et non des moindres : la vétusté des locaux des deux pôles psychiatriques, au Rosais et à l’hôpital Broussais. Les batiments sont anciens, très anciens, et l’établissement soumis à une sur-occupation permanente des lits ; sans qu’on songe à pousser les murs, puisque le futur établissement accueillera semble-t-il encore moins de lits qu’aujourd’hui, et ce, seulement à l’horizon de la fin 2020 (c’est la date qui serait avancée pour l’ouverture du lieu).
Nous avons recueilli le témoignage d’une mère qui est venue nous trouver après la parution de notre sujet le 14 décembre : sa fille a mis fin à ses jours dans sa chambre de l’hôpital psychiatrique de Saint-Malo le 24 mai dernier. Ses mots disaient, sans colère, la dévotion des soignants, tout en dénonçant un contexte, un cadre d’accueil « indigne ». En témoignant, elle souhaitait dire : « Faisons ce qu’il faut pour améliorer ce lieu : 2020, c’est loin, et il ne faut pas que d’autres drames comme celui-ci se passent à nouveau ».
Bien sûr, quelqu’un qui souhaite mettre fin à ses jours y parvient sans doute ; cependant, la question des moyens pour l’empêcher se pose.
Les soignants travaillant en hôpital psychiatrique sont souvent confrontés à des tentatives de suicide, de toutes sortes. Ils font preuve d’une vigilance extrême pour les empêcher, une surveillance de tous les instants, comme nous l’ont expliqué les soignants de Saint-Malo. Les cas de suicides, en structures psychiatriques demeurent rares.
Mais il y eut celui de cette jeune femme de 33 ans, l’an passé, à l’hôpital psychiatrique de Saint-Malo.
Il y en eut un l’an passé encore, à l’hôpital psychiatrique d’Evreux. Le personnel de la structure s’est mis en grève la même année pour dénoncer le manque de personnel et les conditions de travail au sein de l’établissement.
A Saint-Malo aussi, le personnel s’est mis en grève, symbolique et durable, pour revendiquer une attention toute particulière et de meilleures conditions d’accueil des patients.
Sollicitée à ce sujet, la direction de l’hôpital de Saint-Malo nous a fait savoir qu’elle ne souhaitait pas communiquer « sur une situation individuelle », le service communication de l’hôpital ajoutant que « le projet de reconstruction de l’établissement psychiatrique a fait l’objet d’une communication, et se poursuivant selon les échéances prévues ».
Virginie DAVID