Le Pays Malouin

L’appel à l’aide des personnels

Plusieurs EHPAD de Saint-Malo ont suivi le mouvement national mardi 30 janvier et procédé à un débrayage devant leur établissem­ent.

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Les personnels de plusieurs établissem­ents malouins s’occupant de personnes âgées ont manifesté devant la souspréfec­ture de Saint-Malo dans la matinée tandis que deux établissem­ents Edilys la Vallée verte et la Fontaine au lièvre ont débrayé une petite heure pour ne pas impacter le bien-être des résidents.

Du côté de l’EHPAD de la Vallée Verte, treize personnes manifestai­ent avec le drapeau de la CFDT. Elles se sont placées devant le Carrefour Contact du quartier du Lévy pour sensibilis­er les passants en reprenant la chanson des Enfoirés, réécrite à leur compte : « Aujourd’hui on a plus le droit, de soigner les gens de cette façon-là ».

« Je n’ai pas le temps »

« On manifeste parce qu’aujourd’hui, il n’y a plus de moyens, plus assez de personnel, plus de reconnaiss­ance sur le statut d’auxiliaire de soins », souligne Nathalie Pihours, déléguée syndicale. « Les personnes qui arrivent en EHPAD sont de plus en plus dé- pendantes. Aujourd’hui, nous sommes un soignant pour trois à quatre résidents, l’idéal serait d’arriver à « un pour un » afin de pouvoir s’occuper dignement de toutes ces personnes. On doit aller vite sur chacune des tâches de notre rythme de travail, de ce fait on ne peut prescrire que deux douches par semaine pour les personnes dépendante­s, on doit les faire manger rapidement… La phrase « je n’ai pas le temps » fait partie de notre quotidien alors que ces personnes aimeraient qu’on leur accorde plus de temps ».

Quand on leur parle de l’annonce d’une injection de 50 millions d’euros par l’Etat, « c’est une bonne avancée, mais concrèteme­nt, cette somme reste insuffisan­te quand on la divise pour la répartir sur les 3 794 EHPAD de France », soit environ 13 000 € par EHPAD si on fait le calcul.

1 200 € nets

« On nous demande d’être disponible­s tout le temps pour remédier aux remplace- ments des collègues malades. On travaille un week-end sur deux et un jour férié sur deux pour un salaire de seulement 1 200 € net en moyenne ». Pour donner quelques exemples, Nathalie, en tant qu’aide-soignante depuis 25 ans gagne un peu moins de 1 600 € net par mois tandis que sa collègue auxiliaire de soins perçoit 1 350 € net après 17 ans d’ancienneté. « Quand on est malade, on s’en veut presque de laisser nos collègues tous seuls, j’ai déjà vu des collègues venir travailler avec de la fièvre en portant un masque ».

Le mot de Sud Santé

Le syndicat Sud Santé du Centre Hospitalie­r de SaintMalo dénonce qu’« à l’heure actuelle, la gériatrie est un des angles morts de notre société. Les politiques parlent de solidarité, de plan « grand âge », mais travaillen­t avec acharnemen­t à la casse des services publics et à la baisse des financemen­ts, pour le plus grand bonheur du secteur assurantie­l et des structures privées lucratives. Nos collègues des EHPAD de SaintMalo, de Cancale, de Dinan sont souvent contraints de travailler dans l’urgence ».

Ils ajoutent que « à l’EHPAD du CHU de Rennes et du CH de Saint-Malo, des aides-soignantes évoquent également la violence qu’elles subissent au quotidien, comme des griffures par certains résidents tous les jours ou presque ».

Parmi ses revendicat­ions, Sud exige « un SMIC à 1 700 euros et une augmentati­on des salaires de 300 euros brut mensuels pour tous les agents. Et l’applicatio­n d’un agent par résident tel que l’envisageai­t le Plan Solidarité grand âge alors qu’aujourd’hui la moyenne nationale est de 0.55 équivalent­s temps plein pour un résident ».

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