Leur vie avec des quadruplées

Lyana, Enora, Jülia et Oxana sont nées le 13 janvier 2017 à Saint-Brieuc. Un petit événement pour la société locale. Et un immense bouleversement pour Jennifer et Cristopher, leurs parents.

Cet après- midi- là, on ose à peine rentrer. De peur d’en réveiller une, de surprendre la maman en train de faire la sieste, de déranger en pleine crise de pleurs incontrôlables. On imagine des parents épuisés, avec des cernes jusqu’aux genoux et l’air de ceux qui ont tout vécu bien avant l’âge.

Pourtant, Jennifer nous avait prévenue au téléphone : « Passez quand vous voulez, on sera là ! » On pénètre finalement dans la maison comme dans un sanctuaire. Un peu sur la pointe des pieds, discrètement. C’est le silence dans le petit pavillon situé à Landéhen. Quatre paires d’yeux bleu se braquent sur moi et me dévisagent.

Au bout de quelques secondes, la visiteuse passée au scanner des bébés curieux est oubliée. C’est parti pour des longs babillages, gigotages et sourires édentés en tout genre. n’ai pas réfléchi longtemps. Je me suis vite dit que mon sort serait d’être maman de quadruplés et je l’ai accepté. On se dit aussi que c’est une chance et on essaye de profiter de tous nos moments avec nos filles… »

Une chance émaillée de difficultés. La grossesse de Jennifer, plutôt facile au début, s’est révélée un vrai cauchemar dans le dernier mois. « Un des bébés appuyait sur mes côtes et dès qu’il bougeait, c’était une torture, je n’en pouvais plus. Surtout que les quatre pouvaient bouger en même temps ! J’ai dû passer un mois à l’hôpital, allongée, et, à la fin, j’avais même du mal à sortir de mon lit. Mon ventre était très lourd. »

24 biberons

La jeune maman de 25 ans a cependant bien récupéré. Jennifer passe de l’une à l’autre de ses quadruplées avec une aisance qui désarçonne. Un petit mot pour chacune, un geste tendre, un jeu, une chatouille. Tout ça est déjà bien prenant avec un seul bébé mais, ici, chaque geste est multiplié par quatre.

Jusqu’à 24 biberons et deux machines à laver par jour, 700 couches par mois, un cahier à tenir à jour avec chaque prise de nourriture, et chaque pipi-caca.

Cette intendance millimétrée, les deux parents l’assument sans sourciller même s’ils reconnaissent que la charge est parfois lourde. « C’est toujours plus drôle chez les autres. Heureusement, ma mère est très souvent à la maison et nous donne un bon coup de main » , assure Christopher. Et les filles sont patientes. « Elles savent attendre. Quand elles me voient avec un bébé dans le bras, elles semblent se dire, bon, ce n’est pas mon tour… » , plaisante Jennifer.

Galère

Quant à la solidarité, si elle s’est organisée assez vite autour de la jeune maman avec de nombreux dons de vêtements et matériel, notamment, elle n’a pas franchi toutes les portes. « On avait un projet de construction de maison à Bréhand avant la naissance. Bien sûr, il a fallu tout revoir et ça a considérablement retardé le projet. Mais comme on était en location à Hillion, avec une seule chambre, nous avons aussi dû déménager. Sauf que personne ne voulait nous louer une maison pour un an ! Nous avons vraiment galéré » , tempête Christopher.

Bébés et parents ont aussi connu des moments difficiles lors de l’hospitalisation prolongée de deux des quadruplées. Il a alors fallu se démultiplier pour assurer une présence auprès de chaque enfant. Un fardeau de quelques semaines que les parents préfèrent oublier devant leurs belles filles pleines de vie qui pèsent aujourd’hui entre 5 kg 200 et 7 kg pour des poids de naissance de moins d’1 kg à 1 kg 200.

S’il y a une période un peu redoutée par les parents dans cette organisation parfaite, c’est celle qui devrait commencer dans quelques semaines : les débuts de l’autonomie. « On nous demande toujours comment on fait. C’est sûr que c’est du boulot mais on n’a pas eu le choix que de s’y mettre d’un coup. »

Et pour un coup d’essai, c’est un coup de maître ! La petite famille fait plaisir à voir. La fatigue des parents semble même quatre fois compensée par les sourires et l’énergie de ces quatre poupées qui ont déjà bien leur petit caractère…