L’irrésistible ascension de Metafer
Après une qualification Monument historique en ferronnerie d’art en 2015, la société plaintelaise vient d’être nommée Entreprise du patrimoine vivant. Deux distinctions rares qui récompensent un parcours impressionnant.
Écouter Lionel Moretto, c’est se plonger immédiatement dans la métallerie d’art. La passion pour son activité se ressent à chacun de ses mots. Et c’est cette passion qui l’a porté tout au long de sa carrière.
Car, quand il reprend Metafer en 2005, le secteur n’est pas au mieux. « La période post- industriel dans les années 60-70 a été traumatisante. Par goût et pour faire des économies, on n’utilisait plus que des produits industriels. Petit à petit notre savoir s’est perdu car il n’était plus nécessaire. On s’est habitué à des produits basiques. Il a fallu qu’on se bagarre pour redonner des lettres de noblesse à notre activité. »
Pourtant, Lionel Moretto a une vision, un projet. Alors il se lance et reprend l’entreprise créée en 1972. Il faut dire qu’il a baigné dans ce monde avec un père ferronnier d’art et une mère professeur de matchs mais également d’arts plastiques. Son but est alors d’orienter l’activité de l’entreprise vers la conception et la réalisation d’ouvrages d’art.
De 5 à 22 employés
La réussite actuelle est celle d’un parcours clair. Quand Lionel Moretto prend les rênes en 2005, ils ne sont que 5 employés chez Metafer. Cinq ans plus tard, ils sont le double pour atteindre un total de 22 aujourd’hui, dont 5 apprentis. Car le dirigeant mise beaucoup sur la formation et la transmission pour que le savoir-faire du travail du fer soit reconnu.
Son autre atout, c’est l’inno- vation. À son arrivée, il généralise la découpe laser. « Un moyen économique de faire de l’art » . Cela permet à l’entreprise de se faire connaître. Et d’obtenir des marchés, notamment en restauration du patrimoine. La consécration viendra en 2015 quand Metafer obtient la qualification en ferronnerie en monuments historiques. Ce n’est pas seulement une reconnaissance comme une autre. Seules 16 entreprises françaises sont reconnues ainsi.
Aujourd’hui, la société compte principalement des particuliers dans ses commandes. Ils sont au nombre de 200 par an à faire appel à ses services et représentent 60 % des demandes. Le reste se partage entre les marchés publics, la restauration de monuments historiques et les ouvrages d’art pour artistes. Escaliers, garde-corps, portails, les réalisations sont des oeuvres.
Malgré la crise de 2009, Metafer a su surmonter les épreuves pour devenir une pointure dans son domaine. Et la consécration est venue en 2017 avec l’obtention de la qualification Entreprise du patrimoine vivant après des années de demandes et de dossiers. Une aide financière mais surtout une reconnaissance et un réseau encore plus grand.
Une étape franchie qui se voit aussi au niveau matériel avec un nouveau site internet, un nouveau logo, des nouvelles camionnettes et du nouveau matériel. « On doit passer du haut de gamme au luxe » , prévient Lionel Moretto. Mais pas question de changer d’état d’esprit : « On n’est pas dans une logique industrielle. Nous sommes des artisans, la machine est là pour aider, pas l’inverse » .
Si le succès de Metafer peut le combler, Lionel Moretto a un autre cheval de bataille : la formation. « On a dégoûté les jeunes de la formation. Il faut informer, ouvrir nos portes, expliquer notre métier » .
Alors il a un projet : ouvrir une école en collaboration avec Rémi Crezé. Celle-ci est déjà sur les rails et pourrait ouvrir ses portes en 2018 à Saint- Thélo. L’objectif n’est pas de remplacer les structures actuelles mais de les compléter avec différentes offres : initiation, perfectionnement, formation en alternance. Pour toujours faire en sorte que cet art perdure.
Du haut de gamme au luxe