Il y a des opposants à la destruction du barrage
La démolition du barrage est imminente mais des opposants se manifestent…par graffitis.
Un matin, une lettre est arrivée au journal. Enveloppe blanche carrée, l’adresse est imprimée sur une étiquette. À l’intérieur, deux photos. Et un petit mot, imprimé également : « Photo prise au barrage de Montafilan, commune d’Erquy. Mérite un article dans le journal. »
Ça tombe bien. Les lieux, nous les connaissons. Tou comme l’histoire du barrage et de sa toute prochaine démolition annoncée. Très peu utilisé, ce barrage, qui aurait nécessité de coûteux travaux d’entretien et de restauration, sera partiellement arasé pour permettre aux poissons de remonter l’Islet, la rivière qu’il bloque.
Tags et graffitis
Sur place, nous constatons que le panneau d’affichage obligatoire de démolition, apposée sur une ancienne prise d’eau, est recouvert d’un graffiti dont une partie dénonce « le massacre de ce lieu magique avec des raisons plus que fallacieuses. » Sans être particulièrement perspicace, on peut penser que ce ne sont pas les ados du coin, qui ont déjà saturé le mur de tags et autre graffitis, qui ont écrit cela…
Jusque là, les opposants au projet n’étaient pas très visibles. Pierre Pelan, conseiller municipal, avait pourtant émis quelques réserves lors du vote de la démolition du barrage au printemps dernier. « Je pense qu’il y avait peut-être d’autres solutions que cette démolition. Comment font- ils ailleurs ? À Lamballe, on voit bien que la question est très sensible et d’autres solutions sont recherchées pour garder le plan d’eau. À Pléneuf, c’est pareil. Une passe à poissons va probablement être installée sur la Flora. Il aurait fallu une approche plus globale du problème. » question, l’élu regrette que seul l’aspect financier ait motivé cette destruction. « Il n’y a pas eu de concertation avec la population. On a pris la décision de le détruire seulement parce qu’on avait des subventions pour ça. »
Un lieu délaissé
Cependant, Pierre Pelan a voté les premières délibérations concernant Montafilan. « On a le droit d’évoluer. Je trouve que c’est allé trop vite. On n’a pas vraiment débattu et surtout pas avec ceux qui en avaient un usage public. Il faut dire que ce lieu est depuis toujours négligé et que peu de gens y vont car il n’est pas praticable. Sans compter l’énorme quantité de boue qu’il y a au fond et qu’il va falloir évacuer en espérant que ça ne polluera pas la rivière. Ce que je trouve curieux, c’est que, d’un côté la préfecture nous demande de faire des réserves d’eau et de l’autre on en détruit une. Ça aurait certainement coûté plus cher de garder Montafilan et de l’entretenir mais ne le regretterons-nous pas un jour ? »
Les travaux préparatoires de vidange et de récupération des poissons devraient démarrer dans les prochaines semaines. Puis viendront la récupération des boues et l’arasement partiel de l’édifice. Un lieu de promenade devrait alors se dessiner autour de la rivière. Et une nouvelle histoire s’écrira dans la vallée de l’Islet…
Agnès Esteves Da Silva