Elle met l’eau de pluie en bouteille
Depuis juin, une habitante de Pléneuf-Val-André collecte l’eau de pluie qui provient du toit des dépendances de sa maison… Pour la distribuer ensuite gratuitement à la population.
Sur cette place tranquille du bourg de Pléneuf, près du cimetière, la présence de bouteilles en plastique sur le trottoir interpelle. Remplies d’eau, elles sont soigneusement rangées dans des caisses, ou posées à même le sol pour les plus volumineuses. Elles attendent que l’on vienne les chercher.
Eau non potable
Sur le portail de la maisonnette, un petit panneau arborant un article du Penthièvre évoque la sécheresse qu’a subie la Bretagne au cours du premier semestre de l’année. Une autre pancarte indique que les bouteilles sont à libre disposition de chacun. Mais qu’on ne s’y trompe pas, cette eau n’est pas potable. Du moins pas pour les humains.
Des poubelles d’immeuble
L’article paru au printemps dernier a fait réagir Soeur Marie de l’Emmanuel, l’habitante de la maison. De fait, cette religieuse pléneuvienne a aussitôt décidé
de passer à l’action. « Nulle part je n’avais entendu parler de cette sécheresse, et des possibles restrictions. Alors je me suis dit : qu’est ce que je peux faire avec l’eau de pluie que
j’ai en trop ? » . Tout au fond du jardin, hangars et autres appentis bénéficient d’une bonne surface de toits en tôle. Le réseau de gouttières est relié à une cuve, afin de collecter les eaux de pluie. Mais comment gérer l’excédent, une fois ce réservoir rempli ? « J’avais déjà une poubelle d’immeuble pour collecter l’eau en trop, j’en ai acheté trois autres. Une fois les poubelles pleines, il ne me reste plus qu’à plonger les bouteilles à l’intérieur pour les remplir » , explique la Franciscaine.
Autre avantage pour la religieuse jardinière, Côté pratique, l’excédent d’eau ainsi collecté permet de délester la rigole spécialement aménagée afin d’éviter que la pelouse et les parterres ne se transforment pas en éponge.
Trois mois plus tard, l’idée de Soeur Marie de l’Emmanuel s’est transformée en une véritable petite révolution environnementale. Quelque 2 000 bouteilles de pluie, pour une quantité de plus de trois tonnes d’eau collecté ont trouvé preneurs.
Petite surface, grandes retombées
Nombreux ont été les particuliers, jardiniers amateurs et autres cultivateurs de géraniums en pot ou de potagers à venir chercher le précieux liquide. L’inventrice de ce drive écologique elle, reste modeste. Elle suggère simplement aux gens de rapporter
les contenants. « L’eau est un bien précieux, inégalement réparti sur la planète quand on pense aux problèmes de sécheresse ou au contraire les inondations. Je suis étonnée que ma petite surface de toit produise autant d’eau, alors j’en fais profiter les gens gratuitement »
Encouragée à poursuivre
L’automne pointant le bout
de son nez, les bouteilles serontelles bientôt encore utiles aux gens ? « On verra d’ici quelque temps » , anticipe la riveraine. « Quand l’eau restera sur le trottoir, j’arrêterai de remplir
les bouteilles » . Mais une chose est certaine, Soeur Marie de l’Emmanuel recommencera, dès le printemps prochain, à embouteiller cette eau qui tombe du ciel. Les petits mots, commentaires et réactions de ceux qui ont bénéficié de son eau de pluie l’encouragent à poursuivre sa généreuse initiative.
Plus de 2000 bouteilles d’eau