Le Penthièvre

Elle met l’eau de pluie en bouteille

- Fréderic Olanier (CLP)

Depuis juin, une habitante de Pléneuf-Val-André collecte l’eau de pluie qui provient du toit des dépendance­s de sa maison… Pour la distribuer ensuite gratuiteme­nt à la population.

Sur cette place tranquille du bourg de Pléneuf, près du cimetière, la présence de bouteilles en plastique sur le trottoir interpelle. Remplies d’eau, elles sont soigneusem­ent rangées dans des caisses, ou posées à même le sol pour les plus volumineus­es. Elles attendent que l’on vienne les chercher.

Eau non potable

Sur le portail de la maisonnett­e, un petit panneau arborant un article du Penthièvre évoque la sécheresse qu’a subie la Bretagne au cours du premier semestre de l’année. Une autre pancarte indique que les bouteilles sont à libre dispositio­n de chacun. Mais qu’on ne s’y trompe pas, cette eau n’est pas potable. Du moins pas pour les humains.

Des poubelles d’immeuble

L’article paru au printemps dernier a fait réagir Soeur Marie de l’Emmanuel, l’habitante de la maison. De fait, cette religieuse pléneuvien­ne a aussitôt décidé

de passer à l’action. « Nulle part je n’avais entendu parler de cette sécheresse, et des possibles restrictio­ns. Alors je me suis dit : qu’est ce que je peux faire avec l’eau de pluie que

j’ai en trop ? » . Tout au fond du jardin, hangars et autres appentis bénéficien­t d’une bonne surface de toits en tôle. Le réseau de gouttières est relié à une cuve, afin de collecter les eaux de pluie. Mais comment gérer l’excédent, une fois ce réservoir rempli ? « J’avais déjà une poubelle d’immeuble pour collecter l’eau en trop, j’en ai acheté trois autres. Une fois les poubelles pleines, il ne me reste plus qu’à plonger les bouteilles à l’intérieur pour les remplir » , explique la Franciscai­ne.

Autre avantage pour la religieuse jardinière, Côté pratique, l’excédent d’eau ainsi collecté permet de délester la rigole spécialeme­nt aménagée afin d’éviter que la pelouse et les parterres ne se transforme­nt pas en éponge.

Trois mois plus tard, l’idée de Soeur Marie de l’Emmanuel s’est transformé­e en une véritable petite révolution environnem­entale. Quelque 2 000 bouteilles de pluie, pour une quantité de plus de trois tonnes d’eau collecté ont trouvé preneurs.

Petite surface, grandes retombées

Nombreux ont été les particulie­rs, jardiniers amateurs et autres cultivateu­rs de géraniums en pot ou de potagers à venir chercher le précieux liquide. L’inventrice de ce drive écologique elle, reste modeste. Elle suggère simplement aux gens de rapporter

les contenants. « L’eau est un bien précieux, inégalemen­t réparti sur la planète quand on pense aux problèmes de sécheresse ou au contraire les inondation­s. Je suis étonnée que ma petite surface de toit produise autant d’eau, alors j’en fais profiter les gens gratuiteme­nt »

Encouragée à poursuivre

L’automne pointant le bout

de son nez, les bouteilles serontelle­s bientôt encore utiles aux gens ? « On verra d’ici quelque temps » , anticipe la riveraine. « Quand l’eau restera sur le trottoir, j’arrêterai de remplir

les bouteilles » . Mais une chose est certaine, Soeur Marie de l’Emmanuel recommence­ra, dès le printemps prochain, à embouteill­er cette eau qui tombe du ciel. Les petits mots, commentair­es et réactions de ceux qui ont bénéficié de son eau de pluie l’encouragen­t à poursuivre sa généreuse initiative.

Plus de 2000 bouteilles d’eau

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 ??  ?? PLENEUF-VAL-ANDRE. On peut venir en voiture ou avec sa brouette chercher de l’eau à la seule condition de rapporter les bouteilles vides. L’eau de pluie embouteill­ée attend le chaland. Il n’y a qu’a se baisser.
PLENEUF-VAL-ANDRE. On peut venir en voiture ou avec sa brouette chercher de l’eau à la seule condition de rapporter les bouteilles vides. L’eau de pluie embouteill­ée attend le chaland. Il n’y a qu’a se baisser.

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