La grande vadrouille de la carpe Koï
Dans la nuit du 28 mai, à Loisail, les fortes pluies font déborder la Chippe, petite rivière qui longe la propriété de Luce et de Gilles. L’eau monte et la petite mare du couple de Percherons ne fait plus qu’un avec le court d’eau. « Je n’ai jamais vu autant d’eau. C’est la première fois que la mare est inondée comme ça. Il y en avait bien 10 centimètres au-dessus de l’herbe » , raconte Luce. Dans la mare, depuis une petite dizaine d’années, une quinzaine de carpes Koï vit une vie paisible. La montée des eaux donne l’occasion à plusieurs d’entre elles de se faire la belle.
Le déluge terminé, Luce s’aperçoit qu’il manque des carpes. « Je crois qu’il m’en reste 7 ou 8 » , affirme la propriétaire des lieux. Près d’une semaine après, Luce se rend chez son ami Noël, 64 ans, habitant dans le bourg de Loisail à 2 km du petit plan d’eau. Le sexagénaire jette alors un pavé dans la mare et lui demande : « Tu n’as pas perdu une carpe ? » . Luce comprend alors que l’une des carpes Koï vadrouille dans le cours d’eau. Rue de la Chippe, à Loisail, Noël a aperçu le poisson remontant à contre-courant : « J’étais assez surpris ! Il fallait vraiment qu’elle soit motivée pour remonter car le courant était fort » . Poisson ascendant saumon
La carpe continue son petit bonhomme de chemin et remonte la Chippe. Jusqu’au jour où Luce l’aperçoit dans le cours d’eau qui jouxte sa marre. « Elle s’est arrêtée pile à l’endroit de la mare. Elle faisait des ronds dans le ruisseau » , témoigne Luce. Branle-bas de combat pour la carpe dans le court d’eau. La fille de Luce part chercher une épuisette chez le poissonnier de Mortagne. « En cinq minutes nous l’avions récupéré ! » , affirme Luce.
La carpe Koï, espèce génétiquement modifiée de carpe importée du Japon, aurait-elle eu des gênes de saumon ? Cette rocambolesque histoire n’impressionne pas Gilles : « C’est tout à fait naturel. Ce qui est marrant c’est qu’elle s’est arrêtée là. Elle a compris qu’elle était chez elle » . Une chose est sûre, pour braver le courant, les kilomètres et les obstacles, la carpe se sentait comme un poisson dans l’eau chez Gilles et Luce.