La Russie « a toute sa place dans l’Europe »
Général, attaché de défense, le Percheron Gilles Gallet a vécu des années en Russie et en Europe de l’Est. Il estime aujourd’hui qu’une Europe sans la Russie serait très risquée. Rencontr
Courcerault.
Général, attaché de défense à Moscou au début des années 2000, de nombreuses fois en poste à Varsovie auparavant, directeur-adjoint de l’Ecole de guerre de Paris pour son dernier poste et spécialiste des langues orientales et études étrangères militaires…
Gilles Gallet a un parcours qui en fait un observateur aguerri de l’Europe de l’Est en général, de la Russie tout particulièrement.
A vrai dire, un vrai témoin privilégié d’ailleurs de la transition qui a bouleversé cette partie de l’Europe à partir de l’effondrement du Pacte de Varsovie, « où tout a alors été bien plus vite que ce que l’on imaginait » . « Il y a des espaces de liberté »
Dans un ouvrage, Pour une Russie européenne. Géopolitique de la Russie d’hier et d’aujourd’hui, il veut livrer son regard sur cette Russie d’aujourd’hui, si décriée « alors qu’elle a changé totalement de système, mais, aux yeux de ses détracteurs la transition démocratique ne se fait pas assez rapidement. Il existe pourtant de nombreux espaces de liberté… à condition de ne pas trop bouleverser le pouvoir en place. Mais sur le Net, sur les radios, il y a des possibilités de s’exprimer. C’est plus compliqué pour la télévision et les grands quotidiens régionaux sont encore « la voix de son maître » tout en étant à l’unisson d’une population provinciale ». « Démocratie de basse intensité »
Neuf fuseaux horaires, d’énormes espaces encore à peine habités, des territoires disparates, des Etats multi-culturels… le système se doit d’être encore centralisés. « C’est ce que nous appelons une « démocratie de basse intensité » mise en oeuvre par des gens qui doivent eux-mêmes encore évoluer ».
Gilles Gallet, au fil des années passées sur ces territoires, estime avoir acquis quasiment les deux cultures, surtout il a eu la chance de vivre pleinement sur place, de jouer un rôle d’observateur. Vladimir Poutine ? « Un pur produit de la Russie qui a une vision de cette « grande Russie d’antan » qui veut montrer ses muscles et jouer un rôle à l’international. Il aime aller vite en besogne alors que les relations internationales prennent bien davantage leur temps… »
L’histoire a fait de la Russie un partenaire des relations européennes. Alors, l’isoler, l’exclure, serait, aux yeux de l’auteur, un grave danger : « Les dangers nous menacent aujourd’hui partout dans le monde et il est déplacé de maintenir une tension artificielle entre l’Europe et la Russie. L’OTAN doit travailler sa cohésion et il lui faut un adversaire, le plus pratique, c’est la Russie… »
La Russie fait peur, elle a encore un long chemin à parcourir pour poursuivre sa transition, « mais elle a une vocation européenne et il serait dangereux de la maintenir hors de l’Europe, elle est vecteur de sécurité et nous avons davantage d’interactions de civilisation avec elle qu’avec les Etats-Unis » . Par Gilles Gallet, aux éditions L’Harmattan. 20 €. 190 pages. L’auteur sera en séance de dédicaces-rencontre mardi 28 juin au Café de Préaux-du-Perche à partir de 20 h.