Le Perche

Trois couleuvres dans la chambre

Ce couple de quadragéna­ires n’oubliera pas de si tôt cette soirée qui s’annonçait pourtant calme : trois couleuvres ont fait irruption dans leur chambre.

- N.L.

Insolite.

« J’ai tout d’abord vu bouger une peluche posée sur la malle, dans le coin de la chambre. Une fois, puis deux. Il était environ 23h vendredi 10 juin, on regardait la télévision avec mon mari dans notre chambre. J’ai observé alors avec plus d’insistance et j’ai nettement vu le serpent. Le choc ! Je me suis mise debout aussitôt, criant à mon mari qu’un serpent était dans la chambre. Il s’est levé, peu convaincu. Mais il l’a vu tout de suite et a beaucoup moins ri » . Sous la toiture

Le couple n’en revient toujours pas. Domiciliés aux portes du Perche, ils habitent une maison en pierre dont les chambres sont aménagées sous les combles. « Des araignées, des souris, pourquoi pas. Mais un serpent. Cela semblait irréel. J’ai appelé les pompiers aussitôt car nous avons deux enfants. On ne savait pas si ce serpent était dangereux » . Rapidement, le couple comprend qu’il a affaire à une couleuvre de belle taille (plus d’un mètre). Au bout du téléphone, les pompiers conseillen­t de l’attraper et l’éloigner de la maison. Et en dernier recours, « de faire ce qu’il faut » .

« Ils ont demandé à mon mari s’il s’en sentait capable. Sinon, ils pouvaient envoyer une équipe… Mon mari a dit qu’il allait essayer, mais sans grande conviction. Alors la chasse a commencé » . Elle va durer plus de trente minutes, à pousser les objets un à un, faire le silence pour saisir le déplacemen­t de l’intrus. Jusqu’à sa cachette. « Il se trouvait en fait dans les murs, derrière la cloison, sous la toiture. Un tout petit trou lui a permis de passer dans la chambre. On l’a vu sortir et revenir vers nous. Et on a fait ce qu’il faut… Je sais que c’est un animal inoffensif mais que pouvions-nous faire d’autre. L’attraper gentiment et le déposer à l’extérieur… » . « Un cauchemar »

Seulement voilà, l’histoire ne s’arrête pas là. À peine la première couleuvre est saisie, que deux autres de même taille sortent à leur tour ! «A ce moment nous avons crié. Un cauchemar ! Quand cela allait-il s’arrêter ? Combien il y en avait ainsi derrière la cloison ? Surtout que ces serpents étaient maintenant en mode défensif, se relevant et ouvrant la gueule. Très im- pressionna­nt. Il était trop tard pour rappeler les pompiers, il fallait agir. On a réussi à en venir à bout, sans réveiller les enfants. Mais impossible de dormir après ça… » Formation théorique

Cette situation serait exceptionn­elle. Et difficile de savoir combien de fois les pompiers sont appelés pour des serpents « aventureux » … Au sein du SDIS (service départemen­tal d’incendie et de secours) on explique que chaque pompier est formé au risque animalier, « avec une formation théorique, des documents pédagogiqu­es » . Aucune manipulati­on cependant. Ce sujet semble pourtant intéresser les hommes du feu puisqu’il était un des thèmes abordés en 2016 lors de la formation de maintien des acquis. Au programme : reconnaiss­ance, comporteme­nt, capture, réglementa­tion. « On explique aux pompiers comment attraper le serpent sans le blesser, avec des objets simples comme un tuyau, un balai. Nous ne disposons pas de matériel spécifique » explique un responsabl­e au SDIS.

Et pour ne pas confondre une vipère et une couleuvre, observez sa tête : celle de la couleuvre est dans la continuité du corps, celle de la vipère est en forme de triangle. Couleuvre d’Esculape ?

Pour François Radigue, membre de l’associatio­n Faune et Flore de l’Orne et du Conservato­ire régional des espaces naturels, ce genre de rencontre n’est jamais facile à gérer, surtout pour les non- initiés. « C’est un animal qui fait naturellem­ent peur. Je comprends la réaction de ce couple même si l’animal est inoffensif. Par contre sa morsure reste douloureus­e. Il doit s’agit de couleuvres d’Esculape. Une espèce assez grande, de couleur uniforme et qui adore se cacher dans les charpentes. Il est courant de la rencontrer dans le Perche et l’Orne… Trois par contre c’est peu banal. Même en période de reproducti­on, on n’en voit pas plus de deux… Par contre, un trou minuscule peut lui permettre de rentrer, elle a une vraie capacité à s’aplatir. Mieux vaut boucher tous les trous ! » . C’est chose faite, assurément.

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