Du bio dans les cantines : pas si simple
Un texte de loi favorisant les produits locaux dans la restauration collective a été soumis au vote des sénateurs qui ont retiré le seuil de 20 % de produits bio. Déclenchant bon nombre de réactions. Jean-Claude Lenoir et Nathalie Goulet s’expliquent.
Santé. « Il faut toujours circonspect face à un texte qui fixe des objectifs par quotas… Une question essentielle doit être posée : l’objectif quantitatif que l’on fixe peut-il raisonnablement être atteint. Le Sénat se l’est posé et a jugé que le seuil de 20 % de produits biologiques ne pourrait être atteint par les filières françaises d’ici à quatre ans… Il serait paradoxal de contraindre les acteurs de la restauration collective à faire venir d’autres pays des produits bio que la France ne serait pas en capacité de produire » . D’ici 2020
Jean-Claude Lenoir, sénateur ornais et président de la commission des finances du Sénat, explique pourquoi il a voté contre ce texte de loi, demandant le retrait du seuil de 20 % de produits bio dans les menus de la restauration collective d’ici quatre ans (à horizon 2020).
« Ce texte est une initiative du groupe écologiste de l’Assemblée nationale, aujourd’hui disparu, poursuit le sénateur. L’objectif de ce texte est louable : favoriser l’alimentation provenant de producteurs locaux. Le levier essentiel retenu par les auteurs de ce texte est la restauration collective. Premier objectif : d’ici 2020, les restaurants collectifs devront servir au moins 40 % de produits favorisant l’achat local. Second objectif, rajouté par les Députés : 20 % des pro- duits devront être issus de l’agriculture biologique » . Trop ambitieux
Jean-Claude Lenoir se défend d’avoir « fait marche arrière » : « nous avons juste repris le texte d’origine. L’objectif d’un recours prioritaire à des produits issus de l’agricul- ture biologique figure bien dans ce texte adopté par le Sénat, il me semble que c’est une position réaliste et raisonnable… Mais il faut se garder de fixer des objectifs quantitatifs trop ambitieux. La restauration collective doit fournir des quantités considérables et nous ne sommes pas prêts tout simplement à tenir ce seuil de 20 % de produits bio. Et comment vérifier ensuite ? En créant de nouvelles normes ? Il faut voter des lois applicables. Je préfère responsabiliser les personnes… » .
Autre argument du sénateur : le coût des produits bio, « aujourd’hui encore plus chers que d’autres produits… Il faut adopter des stratégies de réductions des coûts, notamment grâce à une plus grande chasse au gaspillage et, sans doute, une évolution du grammage des repas » . « Par principe »
Nathalie Goulet, sénatrice, a par contre approuvé ce texte : « je l’ai voté par principe, pour donner un signal. Il faut prendre des mesures, avec un différé d’exécution. Se donner du temps mais agir tout de même. Dans l’Orne, on bénéficie d’une proximité entre les cantines et les producteurs… »