Le Perche

Sale temps pour les fruits et légumes

Un hiver doux, un printemps froid, un début d’été pluvieux : les maraîchers pestent contre une météo qui complique la culture des légumes. Les prix risquent de grimper cet été sur les étals…

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Perche.

Dans les jardins, il devient compliqué de faire rougir une tomate. Les anciens auraient bien une astuce mais elle n’a pas encore fait ses preuves officielle­s… Mieux vaut donc miser sur le soleil. Mais ces derniers temps, force est de constater qu’il est aux abonnés absents. Manque de chaleur

Dans le Perche, les maraîchers sont tous logés à la même enseigne, notamment ceux en culture bio. À Moulicent, Fabien s’est installé voilà un an (ferme de Tanga) et a débuté sa première culture au printemps. « Comme partout ce n’est vraiment pas terrible, résume- t- il. Nous sommes installés sur un plateau alors nous subissons les vents, ce qui ralentit les cultures. Et du vent, on en a… Par contre, il empêche certains champignon­s de se propager. Mais notre ennemi actuel est la limace qui s’est répandue du fait d’un hiver doux » . La saison s’annonce compliquée et une seule raison à cela : le manque de chaleur. « C’est flagrant. Dans le Perche, avoir un avril froid on peut l’accepter. Mais là on manque vraiment de chaleur et ce n’est pas normal pour un mois de juin… Il faut que le beau temps arrive et s’installe durablemen­t. Un jour beau, un jour froid, cela pourri les récoltes. Il faut de la constance désormais » . Tous ces nuages qui ne font que cacher le soleil sans apporter forcément de l’eau, « ne servent à rien… » « Tout est en retard »

Cet autre maraîcher bio, installé à La Chapelle-Montligeon, peste à son tour contre la météo : « les températur­es ont été trop froides en avril, il n’y a toujours de vraie chaleur, trop d’eau par contre. C’est très mauvais pour les cultures. Tout est en retard. La saison n’est pas encore perdue mais côté trésorerie, c’est compliqué car j’ai dû replanter pour remplacer des plants qui n’avaient pas pris… J’ai commencé à livrer les Amap avec un mois de retard, et encore, avec de petits paniers… » . Selon lui la saison n’est pas encore perdue mais avec le manque de chaleur qui ne favorise pas la pousse et l’humidité qui accroît les maladies, ce n’est pas terrible… Cliente d’une Amap, cette Mortagnais­e subit les aléas de la météo : « il faut faire avec mais le panier est modeste. On espère que le soleil s’installera enfin de façon durable… Par contre une chose pousse très facilement : la mauvaise herbe ! »

Chez Besse Primeur, à Appenai-sous- Bellême, le constat est identique : « cette météo perturbe aussi bien les ventes que les achats. Les clients ont plus envie de raclette que de salade ! La production légumière est en retard et les cours sont soutenus, les prix sont élevés… Je garde espoir que la saison peut se rattraper mais de mémoire je ne me souviens pas avoir connu une telle météo, tant de semaines sans soleil » . « Il faut replanter » À Mortagne-au-Perche, les jardiniers amateurs font aussi la grise mine. Philippe Durand, nouveau président des Jardins Familiaux, peine à sourire : « tout est en retard, les tomates, les courgettes, les melons, les fruits… Il a fallu replanter les haricots, les carottes qui avaient pourri. Ce qui lève rapidement a pourri avec les fortes pluies » . À ses yeux, la saison des pommes et poires ne devrait pas être bonne. Quant aux cerisiers, « ils ont été en fleurs de trop bonne heure alors la récolte est faible » . Voir les prix s’envoler sur les marchés ne l’étonne pas, « c’est une conséquenc­e directe » . Le kilo de certaines variétés de cerises frise parfois les 10 €. Presque un produit de luxe…

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