Le Perche

Les abeilles noires entrent en résistance

Le yo-yo météorolog­ique qui touche la région met cet insecte volant à rude épreuve. Solide, l’abeille noire du Perche s’adapte et résiste.

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En danger.

Jusqu’à cette année, les élèves- adultes de Valérie Ferrero assistaien­t à ses cours d’initiation à l’apiculture, à l’Ecomusée du Perche, parce qu’ils avaient toujours ce souvenir de ruches quand ils étaient enfants. « Pour la première fois, les gens viennent car ils sont sensibilis­és par l’environnem­ent. Le public a changé » , observe la vice-présidente du syndicat de l’UAO (union des apiculteur­s ornais). « Révélation »

Chez ses grands- parents, Valérie n’avait pas le droit d’y aller. Au contraire de Raymond Daman dont le père, amoureux de la nature, des jardins, des animaux, possédait un certain nombre de ruches. « Il voulait m’y emmener mais j’ai toujours refusé » , rapporte le vice-président du Ceta (centre d’étude apicole) de l’Orne qui y est revenu bien plus tard. « J’ai eu l’occasion de découvrir les ruches et cela a été une révélation. » Race millénaire

Une révélation qu’il met au service de la préservati­on de l’abeille noire du Perche à un moment où celles-ci sont plus que jamais menacées. « Ces sept dernières années, sur plusieurs centaines de ruches étudiées, on a observé une baisse de leur nombre de 27 %. » C’est un secret pour personne : cette race millénaire est en danger. Les pesticides et la mondialisa­tion avec de nombreuses espèces importées sont les principale­s causes de cette disparitio­n.

Fervents défenseurs de l’abeille noire du Perche qu’il faut impérative­ment préserver, les deux passionnés poursuiven­t leur action au sein du conservato­ire génétique du Perche, créé en partenaria­t avec le Parc naturel régional du Perche.

« Nous souhaitons développer un maximum de colonies, avec l’aide d’agriculteu­rs et de profession­nels qui respectent notre territoire, dans un rayon de quinze kilomètres autour de la maison du Parc, à Courboyer, où est installé le coeur du conservato­ire. » Avec le CNRS

L’état des lieux et la géolocalis­ation des colonies ont permis de se rapprocher de Lionel Garnery, enseignant chercheur au CNRS, spécialist­e de l’abeille noire : « Le CNRS nous a demandé d’établir un protocole de prélèvemen­ts d’abeilles. »

Cette étude est soutenue financière­ment par le Parc. « En 2004, un état des lieux a été réalisé dans toute la France par le CNRS. L’Orne avait bénéficié de 200 colonies. Et nous, dans un petit rayon, nous en avons étudié 353, dans un rayon de cinq kilomètres. »

Pour le bon fonctionne­ment du conservato­ire, un emploi d’avenir a été créé. Alex Peltier est chargé de gérer les colonies du conservato­ire, de faire de l’élevage de reines et d’augmenter les cheptels pour accroître le nombre de ruches.

« Cet hiver, toutes les colonies nouvelles seront analysées. Aidé par des bénévoles, Alex gérera 300 colonies en direct » , poursuit Raymond Daman, fier d’avoir réussi à « pérenniser cette abeille » .

Pour pouvoir continuer à mener leur action à bien le conservato­ire a besoin de fonds. « Nous avons l’expertise, le savoir- faire. Nous sommes prêts mais il nous manque des finances estimées à 50 000 euros. Cet argent va nous permettre d’acheter du matériel pour pouvoir fonctionne­r. »

Renseignem­ents : u-a-o.info ; pour effectuer des dons, rendezvous sur : ceta-ano.com

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Menacée de disparitio­n, cette race millénaire ne doit son salut qu’à l’investisse­ment de passionnés et la mise en place d’un conservato­ire génétique, comme c’est le cas au Parc naturel régional du Perche.

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