Le Perche

Roger Martin du Gard, prix Nobel de littératur­e

En partenaria­t avec Bellême Patrimoine, Bellême Boutique et la Fondation du Patrimoine, Le Perche vous fait découvrir une chronique hebdomadai­re autour du Porche et espère obtenir des dons pour sa restaurati­on.

- Béatrice Limon, arrière-petite-fille de Roger Martin du Gard.

Histoire. L’écrivain Roger Martin du Gard tombe sous le charme du Perche en 1906, quand il découvre le château du Tertre, à Sérigny. Invité là par sa future belle-famille, il est séduit autant par sa fiancée Hélène Foucault que par ce manoir Louis XIII de briques roses, enchassé dans les grands arbres d’un parc à la française. À perte de vue depuis la terrasse, la forêt déploie ses frondaison­s : ce paysage s’impose à l’esprit de Roger Martin du Gard comme le lieu d’inspiratio­n où il veut se fixer pour écrire. Il façonne le Tertre

Devenu propriétai­re en 1924, lorsque la mort de ses parents lui permet de disposer de son héritage, le romancier façonne le Tertre à sa main pour y installer son cadre de travail et y recevoir longuement ses amis, auteurs et éditeurs : André Gide, Gaston Gallimard, sont des intimes de la maison.

C’est là, en grande partie, qu’il écrira son oeuvre majeure, Les Thibault. Publié entre 1922 et 1940, couronné en 1937 par le Prix Nobel de littératur­e, ce roman en sept volumes dépeint la société française d’avant 1914 et analyse, à travers l’Europe, les raisons qui ont jeté les peuples dans la Première Guerre mondiale.

Les deux héros, deux frères, Antoine et Jacques Thibault, incarnent le déchiremen­t entre le sens du devoir, qui commande d’obéir à la volonté des belligéran­ts, et la révolte contre la folie meurtrière des gouverneme­nts. L’un comme l’autre, finalement, seront victimes : le déserteur révolution­naire comme le médecin engagé dans l’armée, tous deux broyés par le sort. Pacifiste

Profondéme­nt pacifiste, luimême très marqué par cette Grande Guerre qu’il a faite comme sous-officier et dans laquelle il a perdu nombre d’amis chers, Roger Martin du Gard vit douloureus­ement la montée du nazisme et les soubresaut­s politiques d’avant 1939. Et c’est un ancien militaire, le lieutenant-colonel de Maumort, qu’il met en scène dans le roman qu’il commence à écrire dès les années 1940. Retiré dans son château, Maumort se mure à l’arrivée des troupes allemandes d’occupation et évoque ses souvenirs. Roman inachevé

Outre la concordanc­e avec la réalité historique, car le Tertre a été occupé successive­ment par l’armée allemande puis par les libérateur­s américains, ce roman inachevé, publié après la mort de Roger Martin du Gard, est un bel hommage de l’écrivain au Perche. Le « Saillant », c’est le Tertre, qu’il décrit dans ses moindres détails.

Et « Menneville » , c’est Bellême, dont le clocher domine la colline d’en face. Le personnage de Maumort, né et élevé dans cette maison, a traversé bien des fois, enfant, les prés et les bois pour s’y rendre à pied. On reconnaît le pays dans Les souvenirs du lieutenant-colonel de Maumort, décrit avec tendresse autant que précision. Ouverture aux artistes

Roger Martin du Gard avait largement ouvert sa maison aux artistes de son temps et souhaitait que son Tertre accueille, après lui, les génération­s suivantes. Classé Monument historique, labellisé Maison des Illustres, le lieu est aujourd’hui un centre culturel tourné vers la création.

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Portrait de Roger Martin du Gard réalisé en 1928 par le peintre Van Ryss.

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