La forêt de Bellême et sa maîtrise particulière des Eaux et forêts
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Histoire. La forêt de Bellême couvre une superficie de 2 428 hectares. Ce massif forestier est un des plus beaux de France par la qualité de ses arbres qui ne sont que des feuillus : ¾ de chênes et ¼ de hêtres. La forêt de Bellême est issue d’un démembrement de la « Sylva Pertica » du Moyen- Age qui donna son nom à la province du Perche. Depuis 1790, la forêt de Bellême est une forêt domaniale mais auparavant elle était la propriété des seigneurs de Bellême de la maison des Talvas, puis de leurs successeurs les Rotrou, comtes du Perche, de la Couronne jusqu’à la Révolution. Le premier procès-verbal de description et de règlement des forêts du Perche en 1560
Dès le début du XIIe siècle, la forêt de Bellême est administrée au nom des comtes du Perche par un grand forestier nommé Gervais Kalabre. Ce dernier, en échange de ses services, reçut un domaine à l’orée de la forêt qui fut nommé la Calabrière et le droit de panage pour un certain nombre d’animaux de toutes espèces. Marie d’Espagne, comtesse du Perche, s’intéresse en 1349 à la gestion de la forêt de Bellême et retire le droit de faire paître des animaux, et tout particulièrement aux chèvres, à toutes les communautés religieuses installées autour de la forêt, qu’elle échange contre un cantonnement bien délimité où l’on pouvait parquer des animaux. La première vraie organisation forestière est établie en 1560 lors du premier procès-verbal de description et de règlement des forêts du Perche. La forêt de Bellême dépend de la maîtrise particulière des Eaux et Forêts du comté du Perche qui relève de la grande maîtrise des Eaux et Forêts de Normandie siégeant à Rouen jusqu’en 1703 date ou fut créée la grande maîtrise d’Alençon. De 1560 à 1665, un maître particulier siège à Mortagne qui est secondé à Bellême par un lieutenant. A Bellême, le lieutenant est assisté par un procureur, un avocat, un verdier, un sergent fieffé et quatre sergents gardes. Tous ces officiers reçoivent un traitement fixe, des indemnités et une quantité de cordes de bois. Colbert souhaite donner à la France une grande marine
Lors de la réformation de 1665, une maîtrise particulière est créée à Bellême administrée par un maitre particulier, un lieutenant, un procureur du roi, un garde-marteau, un greffier, un sergent fieffé-traversier et quatre sergents gardes. Un receveur du domaine, aidé d’un commis était chargé de percevoir les produits de toutes sortes. (Vente de coupe de bois, de charbon ou de fagots…). L’organisation de la forêt de Bellême est réformée en 1665 par Colbert qui souhaite donner à la France une grande marine. Le ministre de Louis XIV abolit tous les droits d’usage qui avaient été accordés à des particuliers ou a des communautés religieuses et décide de mieux réglementer les coupes pour éviter les coupes abusives des taillis. Ce massif se composait essentiellement de bois de haute futaie, de bois et taillis, de bois rabougris et mal plantés et de landes et bruyères. La forêt de Bellême devient forêt domaniale en 1790
Un dernier aménagement de la forêt eut lieu en 1782 à la demande du comte de Provence, dernier comte du Perche. Ladite forêt fut divisée en quatre triages, les deux premiers triages partagés en 99 coupes et les deux derniers en 33 coupes. A cette occasion, le comte de Provence fait aménager dans le bailliage de Bellême une salle d’audience des Eaux et forêts avec des boiseries représentant la justice et deux doubles portes décorées d’objets représentant la chasse, la pêche, l’agriculture et la musique. La maîtrise des Eaux et forêts de Bellême est abolie par la loi du 11 septembre 1790 et la forêt du Perche devient une forêt domaniale gérée aujourd’hui par l’Office National des Eaux et Forêts.