Le Perche

Gérard Loiseau, l’artiste imprimeur

Employé depuis une dizaine d’années à l’entreprise Boutaux, Gérard Loiseau a passé la moitié de sa vie dans les imprimerie­s.

- Pierre Veillé

Mâle. Encore quelques heures à déborder. Même s’il a terminé sa journée de travail, Gérard Loiseau était encore entrain de bricoler une machine. « Je suis un peu mécanicien. Mais j’évite de trop le faire sinon on s’éparpille de trop » , concède l’employé de l’entreprise Boutaux. Dix ans maintenant qu’il arpente les allées de l’entreprise bordées de machines.

À 56 ans, il a passé la moitié de sa vie dans le secteur de l’imprimerie. Gamin, Gérard a toujours été attiré par les couleurs. « Je faisais du gribouilla­ge. Quand j’étais petit j’allais dans l’imprimerie à côté de chez moi et je mélangeais des couleurs, je créais des teintes. Vous imaginez la tête de ma mère quand je rentrais. J’ai toujours été fasciné par ça et les mélanges d’encres » , raconte le passionné des couleurs. Déjeuner avec Jean-Paul II

Ingénieur, son père fabriquait des missiles chez Dassault. Gérard a trouvé sa voie très jeune et n’en démord pas. Originaire de Maisons-Laffitte Il rentre à 15 ans dans une école d’imprimerie à Osny dans le 95. Dans son école, il y avait juste un sas à traverser pour rentrer dans l’imprimerie Polonaise.

L’entreprise travaillai­t pour l’église catholique. Un jour le cardinal de Cracovie de l’époque vient visiter les locaux : « J’ai eu la chance de déjeuner avec le futur Pape Jean-Paul II » . « Faire des moutons à cinq pattes »

En trente-huit ans d’imprime- rie, il a été témoin de l’évolution du métier. « À l’époque c’était beaucoup mécanique. Les encrages se faisaient manuelleme­nt, on devait mesurer les valeurs, faire les repérages. Tout se faisait à la clé. Il fallait se débrouille­r. Aujourd’hui tout est informatis­é à 99 % » , raconte Gérard Loiseau.

Si le métier a un peu perdu de son charme, son expérience de la débrouilla­rdise ou « l’école de la vie » lui permet maintenant d’imprimer toutes les surfaces. « Maintenant je participe à la création. C’est ce qui vous tient. Vous découvrez tout le temps. J’aime faire des moutons à cinq pattes et créer de la valeur ajoutée. On est plusieurs autour d’une table, il faut que chacun lance ses idées. Après c’est à moi de trouver la solution pour le faire » , explique l’employé. Transmettr­e son savoir

S’il avoue maintenant être plus proche de la fin de sa carrière, il ne compte pas enterrer ses petits secrets avec lui. « Je transmets. Quand je forme quelqu’un, j’essaye de lui faire sentir ce que j’ai car je suis un passionné » , affirme le quinquagén­aire.

Quand il a commencé, c’était le plus jeune de l’entreprise. Maintenant, c’est lui qui passe le témoin : « On est entouré principale­ment que de jeunes et on en a formé beaucoup » . Pour lui cette tache n’est pas vaine. Malgré la chute du papier, il reste confiant : « Le papier ce n’est pas prêt de s’arrêter. Vous avez un vécu, une odeur… Après le métier sera plus dur qu’à mon époque mais ça a toujours un avenir » .

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Grâce à son expérience, Gérard Loiseau connaît les machines par coeur.

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