Le Perche

Michel Trouillard forge son passé

Michel Trouillard est installé dans une maison rue Saint-Lazare à Nogent, qu’il a transformé en musée. Très certaineme­nt un ancien relais de poste, des actes de Sully attestent de son existence en 1646.

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Retour vers le passé.

L’établissem­ent a été acquis à M. Navet, fondateur de la forge, par son arrière-arrière-grand-père.

De génération en génération, depuis 1860, l’activité continue, de nos jours avec le fils de M. Trouillard, Jean, qui fabrique toujours des travails (dans lequel on immobilise le cheval pour pouvoir le ferrer), roulants car les maréchaux se déplacent. Des travails toujours fabriqués

Michel commence la visite. « Le cheval entrait par le porche, le maréchal le faisait marcher dans la cour pour déterminer quel type de fer il allait employer et l’introduisa­it dans le travail où il l’entravait pour ne pas qu’il bouge. De nos jours, les maréchaux ferrent souvent à l’anglaise, en maintenant le sabot entre les jambes, mais pour les chevaux lourds comme les percherons, c’est toujours plus facile à cause du poids, et nous vendons un travail de temps en temps, partout en France et même à l’étranger » , explique notre guide.

Entrée dans la forge. « Mon fils s’est diversifié, s’est orienté vers la serrurerie et est installé dans un autre atelier où il fabrique toute ferronneri­e. Mais pour les portails, on utilise toujours la forge antique. C’est une satisfacti­on pour nous, car nous perpétuons l’activité, mais ce n’est pas avec cela que l’on va faire fortune. » Aussi dentiste

Le vieux soufflet, avec sa peau de chat (faisant office de soupape), car c’est la plus souple, fonctionne toujours. C’est très dur de l’actionner et il est relayé par un modèle à l’électricit­é.

À l’étage, la visite continue. « Le maréchal de l’époque ne s’occupait pas uniquement des pieds du cheval, mais aussi de ses dents et de sa queue » , précise-t-il en nous montrant sa collection d’instrument­s ainsi que différents types de fers, dont beaucoup de fers orthopédiq­ues, ou d’autres comme le fer marchand, pour faire paraître plus grand le cheval afin de le vendre sûrement plus cher. Ce n’était pas la seule forge de Nogent. 350 chevaux à l’entretien

« Il y en avait trois. Deux écuries de chevaux de selle étaient nos clients, ainsi que des éleveurs de percherons, et des agriculteu­rs. Après la guerre, dans les années 1950 et 1960, quand est arrivé le tracteur, ça a été la catastroph­e, il a fallu trouver autre chose à faire. Pour vous donner un exemple, 350 chevaux étaient ici à l’entretien pendant la guerre. On devait déclarer aux Allemands combien on avait de chevaux afin d’avoir de la matière pour pouvoir les ferrer » , rappelle Michel Trouillard.

Il reste à Nogent des éleveurs comme Guy Mérel, qui s’est fait une spécialité avec les percherons à robe noire très prisés en Allemagne.

La visite est complétée par des objets de ferme ou de ménage collection­nés depuis trente, quarante ans ou qui font partie de la maison depuis toujours. De vieux tracteurs sont également restaurés par ses soins.

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