Le Perche

Pourquoi il faut maintenir les bars de proximité

Les bars de proximité vivent difficilem­ent. Pourtant, ils représente­nt le lieu de vie des communes, véritable rendez-vous de la population.

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Populaire. Il suffit de pousser la porte du bar le Balto, à La Ferté-Bernard, pour être plongé dans l’ambiance. Les Jorry, Évelyne et Joël, gérants depuis juillet du commerce, circulent tels des chefs d’orchestres. Toujours un mot gentil

À l’intérieur, les clients fidèles jouent au PMU, lisent le journal, discutent entre eux. Sirotant un café, un Perrier ou une bière. « C’est comme ça ici, la conviviali­té, sourit Évelyne, originaire de Gréez-sur-Roc. On aime ça nous. Parler de rien, discuter de chose et d’autres, du jardin par exemple. Les gens viennent ici pour s’amuser » .

Véritable lieu de vie dans la rue Thiers, le commerce était autrefois tenu par Jacqueline et Émile Gouhier. Il était donc important de le maintenir. « Je pense que les gens ont besoin de ce commerce de proximité. Sans eux et les écoles, le pays crève » .

Le mot est lâché. Évelyne est connue pour son franc-parler. « C’est ce qu’on aime, reconnaît Marcel. Quand on vient ici, c’est du direct » . Mais le petit mot est toujours là - « comment va ta famille ? » ; « ton père se porte mieux ? » ; « tes enfants sont arrivés ? » . Le contact, il n’y a que ça de vrai. Éviter de tuer les contacts humains

De toute façon, les Jorry sont nés pour cela. « Nous sommes baignés dans cet univers. On aime ça. Et puis, les précédents gérants nous ont laissé une clientèle agréable » . La boutique est sympa. Ici, c’est surtout des habitués que l’on voit, « des personnes qu’on apprécie ».

Dans une société de plus en plus individual­iste, « les bars évitent de tuer les contacts humains ». Et même dans une Ville comme La Ferté-Bernard, « les bars de quartiers sont importants. Sinon, les bourgs meurent » . Et dans cent ans ?

Pourtant, « sans être pessimiste car il faut vivre, nous ne sommes pas reconnus à notre juste valeur. Avec les charges qui nous tombent dessus, comme le RSI, l’État nous massacre. Aujourd’hui, pour reprendre une affaire, c’est tellement compliqué. Il suffit de voir le peu de jeunes qui sont gérants. Je n’ai jamais vu autant d’anciens » .

De nature optimiste, Évelyne se pose néanmoins la question de ces commerces dans cent ans. « Il n’y en aura peut-être plus ». Clients fidèles

Au bar le Saint- Julien, à quelques mètres de la fameuse porte du même nom, c’est Patrice Collet qui tient les rênes. « La Ferté-Bernard, c’est un gros village. Les personnes se réunissent au lieu de rester seules chez soi » .

Pour lui, « ce type de lieu va toujours exister. J’en vois même certains qui réouvrent ». Si la plupart des clients sont des « habitués, il m’arrive de rencontrer des gens de passage aussi ».

Des gens de passage mais surtout, des habitués, ce sont eux qui aident Sergine Durand à « tenir le coup » . Depuis juillet 2004, elle est la gérante du Café de la Paix, rue de Paris. « Nous avons nos habitués. Ils viennent chercher une relation, de l’échange et de la conviviali­té. C’est important de garder cela aujourd’hui. »

Selon elle, ce qui fait aussi la différence, c’est aussi la diversific­ation. « Nous ne faisons pas que bar, nous avons la presse, les jeux, la partie restaurati­on, ce qui nous aide à tenir. »

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